Taux d'emploi et volume de travail en Europe : le retard français est à relativiser

Une étude du Conseil d'analyse stratégique montre que l'absence de performance de la France en termes de mobilisation de la main d'oeuvre a été surestimé.

Le Conseil d'analyse stratégique (CAS, ex-Commissariat au Plan) vient de réaliser une étude qui remet en cause un certain nombre d'idées reçues sur le temps de travail. Il en ressort que la France, malgré ses législations successives (Robien, Aubry) encourageant la réduction du temps de travail, n'a pas pour autant décroché au niveau européen en termes de "volume effectif de travail sur l'année".

Pour parvenir à cette conclusion, le CAS, s'appuie sur "l'enquête communautaire en continu sur les forces de travail" (EFT) de la France, du Danemark, des Pays-Bas et du Royaume-Uni. Ces trois derniers pays étant "considérés comme très performants en termes de mobilisation de la main d'oeuvre", écrit le CAS.

Pour mener à bien ses travaux, l'organisme s'est penché sur trois mesures : le taux d'emploi, le taux d'emploi en équivalent temps plein et le volume d'heures travaillées par personne d'âge actif. Alors, bien entendu, la France se distingue par une durée annuelle effective du travail à temps plein plus basse, ainsi que par une faible dispersion des durées du travail de l'ensemble des salariés.

En France, cette durée effective du travail s'est située à 31,9 heures en moyenne en 2005, soit 1.660 heures sur l'ensemble de l'année (alors que la durée légale est fixée à 1.607 heures), contre 1.720 au Danemark, 1.790 aux Pays-Bas et 1.910 au Royaume-Uni. Une différence pas si importante, surtout que la France est particulièrement bien placée en terme de productivité horaire.

D'habitude, l'écart de volume d'heures travaillées par personne d'âge actif en France par rapport aux trois autres pays européens est augmenté d'un tiers (c'est le cas notamment de l'OCDE). Or, souligne l'étude du CAS, ceci est dû à "l'utilisation de sources statistiques et de méthodes hétérogènes". Par exemple, dans le cas de la France, le calcul tient compte des congés payés, des jours fériés et des autres raisons d'absence (congés maladie, maternité, etc.) mais les heures supplémentaires individuelles et les heures supplémentaires non rémunérées ne sont pas comptabilisées... En revanche, dans le cas du Royaume-Uni, les statistiques tiennent justement compte de toutes les heures supplémentaires, qu'elles soient rémunérées ou non...

Un autre élément vient relativiser le décrochage français. La durée effective moyenne du travail pour l'ensemble des salariés est estimée en France à 1.536 heures en 2005 par l'EFT communautaire. Une durée très proche des Danois (1.518 heures) et, surtout, sensiblement supérieure à celle des salariés néerlandais (1.375 heures). Certes, dans ce pays le taux d'emploi est supérieur à la France (73,2% contre 63,1%) mais le volume d'heures travaillées rapportée à la population en âge de travailler est équivalent à celui de la France en raison de la très forte proportion de salariés à temps partiel et de temps partiel de très courte durée.

En revanche, le Royaume-Uni continue de faire la course en tête, non seulement parce que la durée effective du travail y est plus élevée qu'en France (1.645 heures) mais aussi en raison du fort taux d'emploi.

Conclusion de l'enquête du CAS : "en tenant compte de la durée effective annuelle du travail, les performances françaises apparaissent moins en décalage en termes de volume effectif de travail sur l'année qu'en termes d'actifs mobilisés".

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