Pékin avance prudemment pour soulager les pressions sur le yuan

L'autorité monétaire chinoise confirme l'objectif de tendre vers la convertibilité de sa devise. Mais affirme aussi vouloir procéder par petites touches, en desserrant notamment le verrou des investissements extérieurs.

La croissance économique chinoise décélère légèrement mais reste encore trop vive pour dissiper les pressions qui s'exercent sur la politique monétaire du pays. Cet aveu provient de Su Ning, un vice-gouverneur de la Banque populaire de Chine, lors d'une conférence de presse tenue ce jeudi. Depuis des années, les Etats-Unis font en effet pression sur Pékin afin que soit réévalué le yuan, la monnaie chinoise. Celle-ci est jugée bien trop sous-évaluée par les partenaires occidentaux de l'empire du Milieu qui voient se creuser le déficit de leur balance commerciale.

Le mois dernier, les réserves de change chinoises ont atteint un record historique et mondial en atteignant 1.000 milliards de dollars. Ce trésor de guerre justifierait à lui-seul une réappréciation significative du yuan, estiment les Etats-Unis, à laquelle Pékin ne consent pas, ou si peu. Su Ning s'est donc voulu rassurant, affirmant que le yuan sera de nouveau réévalué, après un premier geste consenti par en juillet 2005 lors d'une réévaluation de 2,1% et un découplage relatif du yuan vis-à-vis du dollar.

Mais cette politique des petits pas est loin de suffire à détendre les pressions. Pour les désamorcer, Pékin a sa disposition la soupape des quotas "QDII" (pour Qualified domestic institutional investors). Ce mécanisme régit les sorties des capitaux effectués par les investisseurs chinois qui visent des acquisitions hors du pays. "Le QDII n'a pas bien fonctionné en raison des anticipations d'appréciation du yuan , du boom boursier et du manque de produits innovants", a explique Guo Song, le directeur du département des comptes de capital au sein de l'Administration d'Etat des changes internationaux (Safe).

Selon lui, l'autorité régulatrice veut faire de la convertibilité du yuan "le but de sa politique". La politique de change du gouvernement va devenir "plus ouverte" dans les trois à cinq ans, dit-il. Mais pas au point d'aller jusqu'à "la pleine convertibilité dans le compte de capital", car "il n'y a aucun marché complètement ouvert, dans les pays développés ou en développement", a poursuivi Guo Song. Depuis 1996, la convertibilité du yuan en devises est possible mais est limité aux comptes courants (échanges commerciaux ...).

En attendant, les gestionnaires d'actifs chinois pourront investir jusqu'à 75 milliards de dollars hors des frontières au cours des deux prochaines années, selon une estimation de la banque Standard Chartered, ce qui contribuera à ralentir l'augmentation des réserves de changes. De leur côté, les assurances pourront investir jusqu'à 15% des 223,7 milliards de dollars d'actifs qu'ils détiennent à l'international, a indiqué la Commission de régulation de l'assurance de Chine le 9 novembre. Le gouvernement a par ailleurs autorisé le fonds national de retraites à investir sur les marchés internationaux. Quant aux banques et aux gestionnaires d'actifs, ils ont gagné l'autorisation d'investir 12,6 milliards de dollars en produits internationaux dans le cadre du programme prévu par le QDII.

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