Libération adopte le plan Rothschild et change d'époque

Le conseil d'administration de Libération a adopté à l'unanimité le plan proposé par son actionnaire principal à 38,8% Edouard de Rothschild et nommé Laurent Joffrin PDG avec effet immédiat. Licenciements et abandon du droit de veto des salariés sont le prix à payer pour les 15 millions d'euros de recapitalisation promis par l'actionnaire.

Le vote du Conseil d'administration de lundi semblait acquis depuis que vendredi, les salariés du quotidien Libération avaient approuvé le plan présenté par l'actionnaire Edouard de Rothschild à 56% des suffrages exprimés (mais à seulement 47% en tenant compte des votes blancs). Le vote du personnel était contraire à celui des élus de la Société civile des personnels de Libération, autre actionnaire du journal à 18,4%, qui s'étaient prononcés contre le plan.

Pour éviter le dépôt de bilan, le quotidien a besoin d'une augmentation de capital de 15 millions d'euros. Edouard de Rothschild, qui est prêt à apporter 5 milions d'euros, s'est dit confiant au conseil d'administration de monter jusqu'à 7 ou 8 millions avec l'aide des autres actionnaires. Il s'agit du groupe Suez (2,53 %), du groupe Pathé (16,77%), du fonds 3i (10,53%), Communication et Participation (les actionnaires historiques à 10,06%), du Nouvel Observateur (0,77%) et des quotidiens belge et espagnol La Libre Belgique et El Mundo. Pami eux, Suez et La Libre Belgique seraient les plus susceptibles de suivre une augmentation de capital.

L'approbation du plan de relance par le conseil et la nomination de Laurent Joffrin comme PDG du quotidien devraient par ailleurs faciliter la venue de nouveaux partenaires, pour apporter les 7 millions manquants.

Le plan de relance prévoit des suppressions de postes. Edouard de Rothschild en voulait plus de 100, sur 280, la SCPL voulait limiter les départs à 66. Une solution moyenne pourrait être recherchée.

L'autre volet déterminant du plan pour le journal est la modification de ses statuts. En adoptant le plan d'Edouard de Rothschild, le conseil d'administration a consenti à l'abandon du droit de veto de la SCPL sur les grandes décisions touchant au journal (nomination du PDG, changement dans la structure du capital, utilisation de la marque Libération...). Un mode de gouvernance destiné à préserver l'indépendance du journal, qu'Edouard de Rothschild voulait à tout prix sacrifier.

Le quotidien devrait se doter d'un directoire, dirigé par Laurent Joffrin, ex-patron de la rédaction du Nouvel Observateur, et d' un conseil de surveillance, rassemblant les actionnaires et présidé par Edouard de Rothschild ou un de ses représentants.

Ce changement de statut devra faire l'objet d'un vote statutaire de l'équipe, qui peut bloquer le processus. Le sujet, extrêmement sensible, pourrait relancer un conflit avec l'actionnaire.

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