Neandertal, la réhabilitation

Le Musée de l'Homme propose diverses hypothèses quant à la disparition de l'Homme de Neandertal. Qui n'avait rien d'une brute.

A l'occasion des 150 ans de la découverte, dans la vallée du Neander près de Düsseldorf, du premier fossile complet d'un Homo jusque là non répertorié aussitôt baptisé Neandertalensis (Homme de Neandertal), le Musée de l'Homme montre pour la première fois ses pièces originales relatives à notre très proche cousin - voire notre frère. Car si l'on sait beaucoup sur sa vie, on ignore encore le pourquoi de sa disparition.

Cette interrogation est le sujet de cette remarquable exposition. Neandertal qui a vécu entre Atlantique et Caspienne de 300.000 à 30.000 ans avant J.C. environ, a longtemps été décrit comme une robuste brute demeurée, plus proche du singe sauvage tel qu'on le représentait au XIXème siècle que de Cro-magnon, l'homme moderne. Au fils des années, les paléontologues ont démontré sa "civilité": avec une capacité crânienne supérieure à celle de l'Homo sapiens, il taillait avec dextérité les silex, chassait avec ruse le gibier et offrait de dignes sépultures à ses morts. Pour le reste, les interrogations subsistent.

Néanderdaliens et Cro-magnons étaient ils, comme on l'a longtemps cru, deux espèces distinctes qui ont plus ou moins bien cohabité ensemble jusqu'à ce que la chute particulièrement rude des températures vers les 35.000 ans les fasse soudainement mourir de froid? Ou au contraire, ces deux hominidés ont-ils pu se métisser sur un temps très long comme le suggèrent désormais sans a priori quelques scientifiques? Cette rapide glaciation aurait-elle contraint Neandertal à émigrer vers le sud (les dernières traces se situent en Croatie et à Gilbratar) avant de s'éteindre progressivement?

Voici quelques-unes des hypothèses présentées quant à sa disparition, que l'on situe entre 20 et 25.00 ans. Et il y en a d'autres: des maladies épidémiques auraient décimé une population jugée trop éparse pour se reproduire face à l'envahissement des Cro-magnons, un mauvais processus endocrinien aurait arrêté sa croissance, l'absence de maîtrises techniques aurait empêché son développement...

Autant de pistes évoquées avec la rigueur scientifique qui sied à ce musée et finement présentées dans cette manifestation, dans laquelle les enfants n'ont pas été oubliés grâce à un parcours très explicite. L'exposition montre également des documents de l'époque de la découverte de Neandertal qui provoqua une réelle effervescence, non seulement scientifique, mais aussi morale et religieuse. Un débat qui trouve, avec la résistible ascension des thèses créationnistes, toute son actualité.


"Neandertal, hypothèses d'une disparition" au Musée de l'Homme - Trocadéro (Paris XVI) jusqu'au 20 janvier. www.mnhn.fr/museum

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