Offre de Saipem sur Technip : le marché y croit

Alors que l'action Techip a gagné 7,63% vendredi, les analystes jugent l'opération crédible pour des raisons stratégiques. Le calendrier est opportun. Reste qu'un tel rapprochement ne se fera pas sans difficulté

Une fois n'est pas coutume. Le rachat de Technip par l'italien Saipem, filiale à 43% d'ENI, est une des rares rumeurs auxquelles le marché croit! Vendredi en fin de journée, l'action bondissait de 7,63%, à 55,70 euros.

Pour les analystes financiers, cette opération est plus que crédible. Pour des raisons de calendrier d'abord. Avec une capitalisation boursière de 6,3 milliards d'euros, Technip se paie avec une décote de 18% par rapport à Saipem. En outre, le groupe traverse une période difficile dans l'attente d'un nouveau président (Daniel Valot, en poste aujourd'hui, a annoncé son départ à la retraite) et suite à des difficultés d'exécution de contrats qui ont obligé le groupe à émettre deux avertissements sur résultats cette année.

Pour des raisons stratégiques, ensuite. L'opération permettrait de créer le tout premier acteur mondial avec un chiffre d'affaires de 15,6 milliards d'euros et un carnet de commandes de 24 milliards. Dans l'offshore, le nouvel ensemble contrôlerait 60 à 70% du marché mondial de la construction sous-marine et plus de 30% de celui des plates-formes. Dans l'onshore, cela créerait le numéro un mondial également. Saipem se renforcerait donc à un moment où le marché des services pétroliers est explosif et où le besoin de main d'oeuvre et de capacités est criant. Ce rachat s'inscrit dans une tendance de fond. Depuis le début de l'année, la consolidation est en marché. Géophysique s'est rapproché de l'américain Veritas, tandis que Schlumberger a racheté les 30% qu'il ne détenait pas encore dans Western Geco.

Si le rapprochement paraît en théorie intéressant, sa concrétisation risque de soulever quelques problèmes. Dans la réalité, Technip et Saipem sont toujours apparus comme les deux frères ennemis, avec des approches du risque assez différentes à la fois sur le plan financier et opérationnel. L'intégration du personnel, point clé dans ces métiers d'ingénierie, risque d'être peu évidente.

Pour les spécialistes des marchés, l'opération ne pourra se faire qu'en majorité en titres: Saipem est fortement endetté (la dette nette représente 117% des fonds propres) depuis le rachat de Snamprogetti en mars dernier et la hausse des investissements. A moins que l'offre ne soit lancée par ENI qui n'aurait pas de problèmes pour financer une offre avec une prime.

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