Hugo Chavez devrait être réélu ce dimanche au Venezuela au grand dam de Washington

Le bouillant président vénézuélien sait se faire aimer des pauvres. Il cherche, avec l'argent du pétrole, à étendre son influence au-delà de son pays, en soutenant les candidats de gauche dans la région et en voulant créer un axe pétrolier anti-américain avec la Russie et l'Iran. Mais tout cela ne l'empêche pas de vendre la moitié de son brut aux Américains....

Encore un coup dur pour les Etats-Unis. Ce dimanche, sauf énorme surprise, le président Hugo Chavez devrait être réélu pour un mandat de six ans à la tête du Venezuela, à moins qu'il ne réussisse, grâce à un nouveau changement constitutionnel, à s'installer pour plus longtemps.

Alors que les Américains avaient espéré, après la défaite de la gauche au Pérou et au Mexique, que la vague rose s'essouffle dans leur traditionnelle arrière-cour, ils en sont pour leurs frais. Daniel Ortega, ennemi juré de Washington, vient d'être élu président au Nicaragua, et en Equateur, c'est aussi le leader de gauche, Rafael Correa, fidèle de Fidel Castro et d'Hugo Chavez, qui vient de battre à plate couture le protégé de Washington.

La réélection d'Hugo Chavez est donc un coup dur pour les Américains. Le bouillant président a utilisé la manne pétrolière - son pays est le cinquième producteur mondial d'or noir - pour venir en aide aux pauvres qui représentent quasiment la moitié de la population du pays, et se forger ainsi une base électorale inaliénable, en offrant, allocations, nourriture subventionnée et envoi de professeurs et de médecins (cubains pour la plupart) dans les banlieues pauvres et les provinces reculées du pays.

Il s'en est aussi saisi ces derniers temps pour asseoir son "autorité" en dehors du pays, en soutenant financièrement les campagnes électorales de gauche, avec succès en Bolivie et en Equateur. Non content de vouloir étendre la "Révolution bolivarienne", fondée sur le socialisme, l'autogestion et même le troc au lieu de l'argent, Hugo Chavez a aussi cherché à créer un axe anti-américain, en forgeant des alliances non seulement avec Cuba, mais aussi avec deux autres pays producteurs de pétrole, la Russie et l'Iran....

Autant d'agitation que les Etats-Unis voient d'un mauvais oeil, sans compter que si Washington a réussi à faire capoter la candidature du Venezuela pour l'attribution d'un siège au Conseil de Sécurité de l'Onu, les responsables américains ont eu du mal à digérer qu'Hugo Chavez traite le président Bush de "fou" et de "diable" à la tribune des Nations Unies !

Il n'empêche, les deux frères ennemis ne peuvent vivre l'un sans l'autre. Et n'en ont pas l'intention de toute façon. Si Hugo Chavez pousse l'ironie jusqu'à livrer, comme il vient de le faire, à l'instar de l'an dernier, du fuel de chauffage aux nécessiteux des Etats du Nord Est des Etats-Unis, histoire d'enfoncer le clou sur le côté non humain du capitalisme américain, il vend surtout la moitié de la production pétrolière totale de son pays (soit environ 3 millions de barils/jour) aux Etats-Unis, qui en ont bien besoin. De quoi, d'ailleurs, relativiser les discours, aussi incisifs soient-ils, de part et d'autres...

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