Les fonds d'investissement se disputent Delphi

Highland Capital propose d'injecter 4,7 milliards de dollars dans l'équipementier. Le fonds veut empêcher un consortium mené par Appaloosa de prendre son contrôle.

Delphi vit une fin d'année des plus mouvementées. Trois jours après qu'un groupe d'investisseurs mené par les fonds Appaloosa et Cerberus a proposé un plan de restructuration accompagné d'un investissement de 3,4 milliards de dollars, Highland Capital, deuxième actionnaire de l'équipementier automobile, a surenchéri et présenté aujourd'hui un contre-projet.

Le fonds spéculatif a adressé une lettre aux administrateurs de l'ancienne filiale de General Motors les enjoignant de rejeter la première offre, et proposé à la clef, un plan de recapitalisation de 4,7 milliards de dollars.

Pour Highland Capital, l'enjeu est clair : il s'agit d'empêcher que Cerberus, Appaloosa, Harbinger Capital, Merrill Lynch et UBS Securities se partagent entre 30% et 70% du capital de Delphi - ainsi que le prévoit leur projet - lorsque l'équipementier sortira du "chapitre 11", la loi américaine de protection sur les faillites.

De plus, Highland, qui possède 8,8% du capital de Delphi, déplore qu'Appaloosa et ses partenaires se proposent d'acquérir pour 1,2 milliard de dollars d'actions préférentielles non accessibles aux autres actionnaires et, donc à terme, de prendre "le contrôle effectif" du conseil d'administration.

"Highland considère que, contrairement à celle de Appaloosa et Cerberus, sa proposition est juste pour tous les groupes qui composent le capital de Delphi", a précisé le fonds d'investissement. Selon le Wall Street Journal, qui, jeudi matin, a révélé les intentions du fonds, Highland estime que l'action Delphi s'inscrira dans une fourchette comprise entre 53 et 58 dollars lorsque le groupe sera sorti du "Chapitre 11". Dans la matinée, à Wall Street, le titre bondissait de 35% à 3,75 dollars.

Le 5 janvier prochain, le tribunal des faillites chargé du dossier Delphi se penchera sur l'offre Appaloosa-Cerberus, un délai jugé trop court par Highland Capital pour qu'un examen approfondi des offres soit établi. Si le projet Appaloosa-Cerberus a obtenu l'aval de General Motors, l'offre de Highland pourrait davantage plaire aux syndicats, le fonds ayant précisé que les engagements financiers de Delphi vis-à-vis de son personnel seraient inchangés. Un protocole annoncé en septembre prévoit le départ de près de 14.000 employés, dont 12.400 départs à la retraite anticipée et 1.400 départs volontaires sous forme de guichets départ.

L'offre du consortium dirigé par Appaloosa est en revanche conditionnée à la conclusion d'accords entre Delphi et ses syndicats visant à réduire les rémunérations et autres avantages sociaux de ses employés.
L'International Union of Electric Workers (IUEW), deuxième syndicat au sein de Delphi, s'est déjà opposé au projet Appaloosa-Cerberus, et exige d'être informé de ses conséquences sociales au plus vite. Le puissant UAW (United Auto Workers) s'est jusqu'à présent abstenu de tout commentaire mais a prévenu qu'il se prononcerait sur le plan au moment opportun.

Les offres de ces fonds alternatifs et de capital-investissement interviennent alors que Steve Miller, le directeur général arrivé chez Delphi en juillet 2005 pour redresser l'équipementier, bataille avec les syndicats pour réduire les rémunérations. Pour le "CEO", il s'agit ni plus ni moins d'une question de survie, alors que les pertes nettes de Delphi se sont inscrite à 2,6 milliards de dollars au premier semestre 2006.
Selon Miller, Delphi ne peut se permettre de verser des salaires horaires, avantages sociaux inclus, supérieurs à 20 dollars, alors que le salaire de base démarre à 27 dollars chez le groupe de Troy dans le Michigan.

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