Siemens a identifié 420 millions d'euros de factures obscures

Le groupe allemand s'est replongé dans les factures des sept dernières années de sa division communication. Siemens a découvert un montant nettement plus élevé que jusqu'à présent de paiements pour lesquels une prestation n'a pas forcément été fournie.

Les dommages supportés par Siemens dans l'affaire de corruption qui agite son ex-division communication ces dernières semaines pourraient totaliser 420 millions d'euros. C'est ce que vient de révéler son directeur financier Joe Kaeser. Après avoir étudié à la loupe tous les contrats d'honoraires des sept dernières années, ses services ont identifié des paiements suspects d'un montant de quelque 420 millions, ce qui a nécessité des ajustements au niveau fiscal puisque les sommes évidemment ne sont pas déductibles.

Lundi soir, le groupe allemand avait indiqué que la charge fiscale sur les sept dernières années avait dû être alourdie de 168 millions d'euros dont 73 millions sont retranchés sur les états financiers consolidés de 2006 mais couvrent les exercices 2004, 2005 et 2006. Le solde concerne les années antérieures à 2004 et a été soustrait des fonds propres du groupe au 1er octobre 2003.

Le directeur financier n'a pas exclu que l'addition s'aggrave suite à une condamnation éventuelle ou des dommages et intérêts à payer. Mais Klaus Kleinfeld, son président, estime qu'avec les mesures annoncées lundi il avait fait les preuves de sa volonté de combattre sans concession la corruption à l'intérieur du groupe.

Le groupe a nommé lundi un cabinet d'avocats américains indépendants, Debevoise et Plimpton LPP pour passer à la loupe toute l'organisation interne et vérifier que d'autres montages similaires n'ont pas eu lieu dans d'autres divisions. Il s'est assuré également les services de Michael Hershman, l'un des fondateurs de l'organisation non gouvernementale Transparency International, pour le conseiller. Un choix qui prouve que l'affaire est prise très au sérieux à Munich.

Le groupe va installer par ailleurs dès le 1er janvier Daniel Noa, actuellement procureur général de Stuttgart à la tête de ses services chargés de la lutte anticorruption. "Autant de mesures qui prouvent que nous nous attaquons sérieusement aux déficiences" a défendu Heinrich von Pierer, le président du conseil de surveillance qui présidait le directoire à l'époque où les malversations ont eu lieu et dont certains journaux outre-Rhin ont demandé la démission.

Une démission qu'il n'a clairement pas prévu. Non seulement parce qu'il estime avoir toujours tenté de lutter contre la corruption mais également parce qu'aujourd'hui il a bien l'intention d'éclaircir la vérité pour empêcher tout nouveau problème à l'avenir. Le directeur financier a dû admettre que le système de contrôle interne avait des déficiences. Mais avec 9 millions de paiements par jour en moyenne et 30 millions d'écritures comptables, il estime qu'il n'était pas toujours aisé de découvrir les transactions douteuses.

A l'avenir, il a promis une centralisation de la comptabilité. Aujourd'hui, elle est décentralisée au niveau des divisions opérationnelles, ce qui expliquerait que les malversations soient passées inaperçues puisqu'organisées de concert entre le directeur financier de la division communication, son contrôleur de gestion, son directeur commercial et le directeur administratif.

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