Faisons fi des critères de Maastricht !

Non seulement les fameux critères ne sont pas bien adaptés, mais ils ne sont pas vraiment respectés par les membres de l'Union. Mieux vaudrait trouver des solutions pour une intégration durable- C'est en tout cas l'avis des économistes de l'institut Bruegel.

Mais à quoi servent les critères de Maastricht? "Franchement, à rien!", affirment en substance deux économistes de l'institut Bruegel, basé à Bruxelles, Jean Pisani-Ferry et Alan Ahearne. Dans une étude qui semble faire du bruit (même si, cela arrive, elle a peut-être simplement pris de l'importance, le week-end dernier parce que le reste de l'actualité économique européenne était relativement pauvre), les deux compères font d'entrée de jeu remarquer - ce que tout le monde savait déjà - que les critères ne sont pas toujours respectés. Certains pays font semblant d'y croire et s'en affranchissent une fois entrés dans l'Union, d'autres manipulent les chiffres pour laisser penser qu'ils y obéissent.

Dans ces conditions, ces contraintes ne servent clairement pas à grand chose. Alors, à quoi cela servirait-il de les imposer aux futurs nouveaux entrants, tels que la Slovénie, la Lituanie et l'Estonie, qui espèrent rejoindre la monnaie unique l'an prochain?

En fait, ce qu'il faut, c'est, selon les deux économistes, que s'installe une "convergence durable" des pays faisant partie de la zone euro. Ce qui serait plus important qu'une convergence nominale en termes d'inflation ou de déficit budgétaire. Soit, mais comment s'assurer que les politiques menées iront bien, à terme, dans le bon sens? Autant dire que la notion est séduisante, mais pas forcément facile à mettre en place.

Cela dit, les critères gagneraient sans doute à être revus ou mieux interprétés. Ainsi, on reproche à l'Estonie d'enregistrer un taux d'inflation trop élevé. Mais la hausse des prix ne fait que refléter un rattrapage économique accéléré, souligne l'institut Bruegel. Une certaine tolérance devrait donc être adoptée à ce sujet - pour ce pays en tout cas. Même chose pour les nouveaux entrants: ils affichent souvent des déficits importants de leurs comptes courants. Mais encore faudrait-il mettre en regard les investissements directs qu'ils reçoivent, puisque cela limite d'autant leur vulnérabilité.

Une chose est sûre, l'intégration réelle, solide et durable, prendra du temps. Et pour cela, au delà des sacro-saints critères, sans doute faudrait-il se concentrer aussi sur les politiques économiques des Etats.

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