Paris en tête des dix "centres économiques" les plus importants de la planète? C'est la conclusion - a priori un peu surprenante - à laquelle arrive l'agence de notation Standard & Poor's (S&P), qui publie ce matin un classement des grandes capitales économiques du monde. Un classement qui met donc en tête la ville de Paris, en tant qu'agglomération bénéficiant de la meilleure notation de crédit, devant Londres et Los Angeles.

Le travail effectué par S&P porte sur les dix plus grands centres économiques du monde, définis en fonction de critères comme l'importance économique de leur pays, leur rôle dans la vie économique de celui-ci (que ces villes soient capitales ou non), la gamme des services qu'elles fournissent et leur taille.

Sur la base de ces critères, l'agence de notation a donc retenu les villes de Chicago, Londres, Los Angeles, Madrid, Milan, Moscou, New York, Paris, Toronto et Yokohama comme les dix premiers centres économiques mondiaux.

S&P a établi un classement selon ce critère, qui fait apparaître en tête la ville de Paris, seule à bénéficier d'une note AAA. Londres vient en deuxième position avec AA+, suivie par Los Angeles, Madrid et Toronto, ex aequo avec AA. En queue de liste, on trouve Milan avec A+ et enfin Moscou avec BBB+.

Selon l'agence, toutes ces villes disposent d'une très bonne notation de crédit. Ce qui reflète le fait que "une économie forte, dynamique et diversifiée est souvent corrélée à des recettes fiscales solides et en croissance".

Et Paris arrive en tête pas seulement en termes de notation: la capitale française est également la mieux placée selon le critère de la production par habitant, avec un chiffre de 85.430 dollars par tête, loin devant les 54.664 dollars de Los Angeles et les 47.531 dollars de Londres.

Si la capitale française fait donc des étincelles, les auteurs de l'étude soulignent quelques problèmes potentiels, dont l'impact possible sur les finances locales de décisions prises au niveau gouvernemental. En France, est-il indiqué, tout comme d'ailleurs au Japon, "les changements continus introduits par la décentralisation de nouvelles responsabilités, accompagnées de ressources inadéquates, des allocations de fonds réduites pour les grands programmes d'investissement ou une diminution dans les pouvoirs de la ville de lever des impôts, tendent à exercer une certaine pression sur la qualité de crédit des villes".

S&P souligne malgré tout l'excellent "profil économique" de Paris et la "très grande compétence" de son management. Les auteurs regrettent tout de même l'engagement pris par le maire de Paris de geler le niveau des impôts, qui réduit la flexibilité dont dispose la ville pour se procurer des ressources. En ce qui concerne l'endettement de la capitale française, S&P estime qu'il est "bas, mais en hausse". Au chapitre des risques associés à la situation financière de Paris, l'étude mentionne, outre le problème des transferts de compétences insuffisamment financés par l'Etat, l'ampleur des projets d'équipement "qui généreront des besoins de financement et susciteront une accumulation d'endettement".

Rien d'alarmant toutefois selon S&P qui considère comme "stable" la perspective d'évolution de la notation de Paris. Sauf dans le cas "très improbable" dans le futur prévisible d'une combinaison de "retournement sévère du marché immobilier et d'une envolée des dépenses sociales" de la ville. A noter à ce sujet qu'il est un critère du classement avec lequel Paris arrive au dernier rang des dix centres économiques retenus: celui du chômage... Selon ce critère, Moscou est en tête avec un chômage de 1,1%, suivi par Yokohama avec 2,3%, tandis que Paris arrive bon dernier avec 9,5%.