Toutes les prévisions des économistes ont été battues. Ce matin, le Japon a indiqué que sa croissance enregistrée au troisième trimestre est ressortie à 0,5% par rapport au trimestre précédent (0,4% en données révisées), soit en rythme annuel un taux de 2%. Les économistes s'attendaient en moyenne à une croissance de seulement 0,2% par rapport au trimestre précédent et de 1,0% en rythme annuel, selon un sondage réalisé par le quotidien économique Nikkei auprès de 24 instituts de recherche. Certains économistes interrogés s'attendaient même à un recul du PIB, la fourchette de prévisions allant de -0,4% à +0,4% (-1,6% à +1,8% sur un an).

Il s'agit du septième trimestre consécutif de croissance de l'économie au Japon. Malgré tout, le gouvernement s'est montré prudent dans l'analyse des chiffres, insistant notamment sur la faiblesse de la demande intérieure. La consommation des ménages, qui compte pour 55% du PIB, s'est inscrite en baisse de 0,7% sur la période de juillet à septembre. Sur le trimestre précédent, elle était en hausse de 0,5%. Selon Junichi Makino, économiste à l'Institut de recherche Daiwa, plusieurs raisons expliquent cette contre-performance: "La météo a été mauvaise en juillet, les gens ont arrêté d'acheter des téléphones portables en attendant le système de la portabilité du numéro (lancé fin octobre au Japon, NDLR). Les ventes de télévisions ont ralenti après la Coupe du monde de football. Il y a eu peu de nouveaux modèles automobiles, et les prix élevés de l'essence ont découragé la consommation".

De son côté, Jesper Koll, économiste chez Merrill Lynch, estime que "le Japon est en pleine croissance. Le secteur privé est très robuste. La consommation des ménages est un peu chancelante mais cela finira par s'arranger". D'autres économistes se disent plus inquiets, estimant qu'il existe des raisons plus structurelles à ce tassement, comme l'absence de hausse des salaires.

Les mauvaises performances de la consommation des ménages ont pu être compensées par les dépenses d'investissement qui ont grimpé de 2,9% par rapport au précédent trimestre. Par ailleurs, les exportations ont été très solides avec une hausse de 2,7%, portées par une vigoureuse demande américaine et un yen abordable. La monnaie japonaise est d'ailleurs immédiatement montée contre le dollar et l'euro après l'annonce de la croissance. Les experts tablent sur une prochaine hausse des taux de la Banque du Japon, dès décembre ou janvier.

En attendant, la Bourse de Tokyo a salué comme il se doit la publication du PIB au troisième trimestre. L'indice Nikkei a terminé la séance sur un gain de 1,67% à 16.289,55 points.