Pour les emplois, les chômeurs européens vont devoir attendre...

Les Européens font face à ce que les Américains ont appelé une "jobless recovery", une reprise sans emploi. C'est mieux que pas de reprise du tout, certes, mais entre les gains de productivité et la volonté des entreprises de réduire les coûts, les créations d'emplois ne sont pas pour demain.

"On vous écrira": voilà en substance ce que les économistes disent aux chômeurs européens. De fait, l'Europe se trouve actuellement dans la situation qu'ont connu les Etats-Unis entre 2001 et 2003. Les Américains appelaient cela la "jobless recovery", la reprise sans emploi. Elle a hanté l'économie américaine après la faible récession qu'avait connu le pays. Pas un jour sans que les experts - et pas des moindres, puisque le patron de la Réserve Fédérale de l'époque, Alan Greenspan, s'en donnait lui aussi à coeur joie - ne se lamentent sur le phénomène, induit en particulier par les gains de productivité.

Evidemment, quand on peut faire plus, grâce à de nouveaux ordinateurs par exemple, avec le même nombre de salariés, on n'embauche pas de personnel supplémentaire. Il a fallu que la demande interne devienne si forte que les entreprises américaines aient peur de ne pas la satisfaire pour qu'elles se remettent à embaucher. Mais quand elles ont commencé, elle l'ont fait pour de bon, même si cela a été après deux ans de traversée du désert.

Les chômeurs européens devraient donc voir la lumière au bout du tunnel le jour où leurs entreprises n'auront plus d'autre choix que d'embaucher. Mais cela ne sera pas pour tout de suite. Non seulement le même phénomène de gains de productivité qui avait joué contre les embauches outre-Atlantique s'observe aussi en Europe, mais en plus les entreprises européennes semblent obsédées par l'idée de réduire les coûts - même quand elles sont bénéficiaires.

C'est par exemple le cas d'Electrolux, qui affiche de bons résultats mais annonce quand même le licenciement de 1.700 personnes, ou encore de Telefonica, qui éliminera 15.000 postes sur les quatre années à venir. Et c'est sans compter avec la mollesse de la demande interne.

On le sait, contrairement aux Américains, les Européens ont du mal à jouer de la carte de crédit. Cela n'aide pas à améliorer la demande et à créer le cercle vertueux nécessaire aux embauches. Autant dire qu'il faudra encore attendre, et peut-être plus longtemps qu'aux Etats-Unis, pour que l'Europe recrée enfin des emplois.

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