Un an après le "non", plus personne ne s'intéresse à la Constitution européenne...

Le dernier sondage européen est sans appel: avoir une Constitution n'est pas la priorité des Européens. C'est en particulier le cas, on s'en serait douté, des Français... Mais l'Europe, rêve économique, continue.

Si certains avaient sonné le tocsin durant la campagne référendaire, estimant qu'un non à la Constitution européenne signerait la fin de l'Union, il est clair qu'ils ont eu tort: l'Europe a bien continué d'exister! Cela dit, on ne peut pas dire que l'idée de resserrer les liens, notamment par le biais d'une Constitution, et de créer une grande Europe politique suscite l'enthousiasme.

C'est en tout cas ce qui ressort du dernier "eurobaromètre" publié en fin de semaine dernière. Le sondage, en fait, ne fait que mettre le doigt sur des craintes - économiques - que l'on connaissait déjà. Au premier rang desquelles se trouve la mondialisation. Elle est ainsi considérée comme une menace par... 72% des Français et des Grecs, de même que par 64% des Belges et 59% des Allemands.

Or, pour certains citoyens de ces pays, l'Union européenne semble être vécue comme une courroie de transmission de cette mondialisation. Du coup, les Européens s'en méfient - tout comme ils voient l'élargissement d'un mauvais oeil.

Pourtant, ils ne sont pas à une contradiction près, puisque dans leur ensemble, ils continuent, toujours selon l'eurobaromètre, de considérer, à 55%, qu'une expansion du bloc européen est "quelque chose de positif"... Sans doute la mémoire européenne y est-elle pour quelque chose, puisque c'est la paix entre les peuples qui est considérée, à 60%, comme la meilleure chose apportée par une Europe unie. Cette notion est toutefois suivie par la liberté de mouvement, considérée elle aussi comme une bonne chose...

Reste que l'Europe n'est pas à la hauteur des attentes sur un point essentiel pour les Européens, la lutte contre le chômage. Alors, que faire? Aux yeux de ses citoyens, l'Europe ne devrait pas servir de relais à la mondialisation, mais, au contraire, aider à la maîtriser et offrir un "coussin" qui en amortirait les chocs, en particulier sur le marché du travail, puisque la mondialisation est synonyme de concurrence déloyale des bas salaires. Une concurrence qui peut venir d'Asie mais aussi d'Europe de l'Est, évidemment.

Pas étonnant, dans ces conditions, que certains Européens, et là encore, les Français se distinguent, sont peu enthousiastes en ce qui concerne l'élargissement... Si 53% des Européens dans leur ensemble estiment que cette évolution est positive, ils ne sont que 42% en France (et 40% en Autriche) - par opposition à 69% des nouveaux membres à le penser...

Bref, la solution serait, au moins au niveau de l'espace européen, de remonter le niveau de vie des nouveaux membres, pour que les salaires de ces pays ne soient plus un élément de concurrence. D'ailleurs, 6 citoyens européens sur 10 sont en faveur d'une harmonisation du système social. Ce sont les nouveaux Européens qui le réclament le plus: 86% des Polonais, 82% des Lettons, et 81% des Hongrois...

Et la Constitution dans tout cela? Personne, en fait, ne s'y intéresse vraiment. C'est vrai chez les 15 mais aussi chez les nouveaux 10. Ainsi, si 32% des Allemands pensent qu'un texte commun serait une bonne chose, il n'y a que 12% d'Estoniens par exemple, pour y croire. Autant dire que le rêve d'une grande Europe politique se réduit souvent, dans la tête de ses citoyens, à un simple outil économique...

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