Surtout, ne soyez pas français ! ! !

Le secrétaire américain au Trésor, John Snow, s'alarme de la montée du patriotisme économique au Capitole. Car si ça continue, les Etats-Unis vont finir par ressembler à la France. Horreur...

Quand tout va mal, rien ne vaut un bon petit coup de "French bashing" pour tenter de mobiliser les parlementaires, surtout ceux qui appartiennent à la majorité républicaine. Telle est la technique, connue et éprouvée, que vient d'employer l'administration Bush, qui essuie une tempête sans précédent depuis que le Congrès s'est engagé à bloquer l'acquisition des opérations américaines du britannique P&O par le groupe des Emirats DP World.

Alors qu'il s'exprimait devant des professionnels de la banque, le secrétaire au Trésor John Snow a imploré les élus de ne pas céder à la tentation de "l'isolationnisme", et a désigné l'exemple à ne pas suivre: celui de la France, évidemment! Le zélé ministre de George W. Bush a alors évoqué et dénoncé ce que le gouvernement Villepin "nomme sa politique de patriotisme économique".

Il en a aussi profité pour rappeler l'intérêt qu'a prêté le groupe PepsiCo l'été dernier à Danone, apportant ainsi maladroitement du crédit à une rumeur que jamais le géant des sodas n'avait confirmée auparavant! "Quand Pepsi a récemment cherché à racheter Danone, le gouvernement français a dit: non!" (en Français dans le texte), a déclaré le secrétaire. "La fabrication de yaourt est une industrie nationale essentielle, a-t-il décidé. Et donc, la France n'autorise plus d'investissement étranger dans le secteur 'sensible' du yaourt français", a ironisé John Snow.

Les propos du ministre interviennent alors qu'à quelques mois des élections de mi-mandat, le Capitole est très remonté sur tous les sujets qui ont trait au patriotisme économique et à la globalisation des échanges. Après les délocalisations, l'un des thèmes phares de la dernière campagne présidentielle, les élus s'alarment du creusement de l'abyssal déficit commercial des Etats-Unis et cherchent des boucs émissaires en Chine, en Inde... Par ailleurs, pour préserver le territoire américain contre les risques d'attentats, mieux vaut "protéger" les entreprises ou les actifs convoités par des acquéreurs étrangers, même si leur gouvernement est l'un des meilleurs alliés des Etats-Unis dans la lutte contre Al-Qaïda, comme c'est le cas des Emirats Arabes Unis!

Quelques jours avant la "sortie" de Snow, le Wall Street Journal avait déjà dénoncé le protectionnisme menaçant l'attractivité des Etats-Unis. Le quotidien des affaires avait alors prévenu dans ses colonnes que "si cela continue ainsi, nous aboutirons bientôt à une situation comparable à celle de la France, où même l'alimentation et la musique sont 'protégées' des influences étrangères...".

Devenir comme la France: c'est bien le pire, apparemment, qui puisse arriver aux Etats-Unis, pays qui n'hésite pourtant pas à dresser des barrières douanières pour sauver sa sidérurgie ou à inonder ses agriculteurs de subventions multiformes.

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