Les syndicats prêts à rencontrer Villepin pour discuter du retrait du CPE

Les partenaires sociaux veulent rencontrer le Premier ministre dès demain pour lui redire leur exigence du retrait du Contrat Première Embauche avant tout dialogue. Une occasion de tester la portée du revirement du chef du gouvernement. Des milliers d'étudiants et de lycéens défilent dans les rues de Paris pour une manifestation à hauts risques.

Il devrait bien, finalement, y avoir une rencontre entre les partenaires sociaux et Dominique de Villepin: les cinq grands syndicats ont annoncé jeudi après-midi qu'ils avaient demandé à rencontrer le Premier ministre dès demain vendredi, tout en réaffirmant leur exigence d'un "retrait du CPE avant d'engager tout dialogue ou toute négociation".

Les syndicats CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC ont donc trouvé une position qui ménage le front commun unitaire mis en place ces dernières semaines tout en donnant satisfaction aux uns et aux autres: les plus modérés d'entre eux obtiennent de renouer le dialogue, les plus intransigeants conservent le préalable du retrait du CPE...

Le Premier ministre obtient ainsi partiellement satisfaction. Depuis mercredi après-midi, lui et son entourage se donnaient beaucoup de mal pour convaincre que l'attitude du chef du gouvernement a réellement changé sur le fond. Dominique de Villepin serait désormais prêt à discuter "sans a priori" de tous les aspects du CPE, y compris la durée des deux années de période d'essai et l'absence de motivation d'un licenciement.

Dans cet esprit, il avait écrit ce matin aux responsables syndicaux pour leur proposer l'organisation d'une rencontre, tandis que le ministre de l'Education Gilles de Robien faisait de même vis-à-vis des dirigeants des organisations d'étudiants et de lycéens.

Confronté à cette demande, les partenaires sociaux ne pouvaient que s'interroger sur la portée de cette volonté d'ouverture. Comment la concilier avec les déclarations de Dominique de Villepin, formulées vingt-quatre heures plus tôt, repoussant toute idée de "retrait", de "suspension" ou de "dénaturation" du projet? Les dirigeants syndicaux voulaient savoir, avant de répondre à l'invitation du Premier ministre, si tout est désormais réellement ouvert ou s'il entend conserver malgré tout les grandes lignes du CPE.

Leur réunion de cet après-midi leur a donc permis de définir une position commune. Il leur faudra encore vérifier vendredi matin que le large front commun contre le CPE tient toujours bon: ils se réuniront dans la matinée avec les autres syndicats (Sud, etc.) et les organisations étudiantes et lycéennes. Il n'est pas certain que ces autres participants seront aussi réceptifs à l'idée de rencontrer le Premier ministre sans que le retrait du CPE ait été clairement annoncé au préalable.

"Démonstration de force"

Dans l'immédiat, la mobilisation des anti-CPE continue de plus belle. Les universités perturbées sont chaque jour un peu plus nombreuses que la veille. Et les lycées bloqués ou perturbés se comptent désormais par centaines.

Un nouveau test important intervient cet après-midi avec la journée d'action étudiante et lycéenne. Déterminés à montrer que le rejet du CPE ne faiblit pas, loin de là, les opposants veulent administrer une "nouvelle démonstration de force", selon l'expression de Bruno Julliard, président du syndicat étudiant Unef. Ce dernier, qui a été contacté pour l'organisation d'une rencontre avec le ministre de l'Education nationale, a d'ailleurs réaffirmé pour sa part que le préalable à toute rencontre demeurait "le retrait du CPE".

C'est donc sur la manifestation parisienne, qui se déroule cet après-midi de la place d'Italie jusqu'aux Invalides, que se focalise l'attention aujourd'hui. Cette manifestation est en effet à hauts risques, compte tenu des nombreux incidents observés lors des défilés précédents. Depuis, la tension n'a fait que monter, aggravée encore par l'hospitalisation dans un état critique d'un militant syndical de Sud blessé lors de la manifestation de samedi dernier. Dans l'après-midi, des milliers de manifestants venus de toute la région parisienne mais aussi de province défilaient dans une atmosphère tendue (voir notre reportage ci-contre). Et en fin d'après-midi, de violents affrontements mettaient aux prises des centaines de jeunes et les CRS sur l'Esplanade des Invalides.

L'étape suivante sera bien entendu la journée nationale d'action organisée le mardi 28 mars par la totalité des organisations syndicales, de salariés, d'étudiants et de lycéens. Cette journée devrait marquer un nouveau pallier dans la montée de la mobilisation avec, pour la première fois, de très nombreux appels à la grève. D'ores et déjà, de fortes perturbations sont attendues dans les transports en commun, les transports aériens, l'Education nationale, etc...

Pour le Premier ministre, la situation est d'autant plus critique que le soutien de sa majorité n'est plus sans faille. De nombreux députés ont été désorientés par l'intransigeance affichée mardi par Dominique de Villepin, et Nicolas Sarkozy cache de moins en moins les réticences que lui inspire la gestion de l'affaire par le chef du gouvernement. Si l'on ajoute à cela l'inquiétude qui semble gagner l'Elysée, il apparaît clairement que le Premier ministre est désormais soumis à une pression maximale pour trouver une issue à l'affaire - quitte à devoir accepter l'inacceptable: faire des concessions de fond.

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