La France, eldorado pour les entreprises et les capitaux étrangers

Le flux d'investissements étrangers a plus que doublé dans l'Hexagone entre 2004 et 2005, et les projets internationaux se multiplient. De fait, la France offre les coûts d'implantation les plus faibles des principaux pays européens, grâce aux factures avantageuses de l'énergie, des transports et des salaires.

Emeutes dans les banlieues, crise du CPE, patriotisme économique, affaire Clearstream, les sujets qui viennent ternir l'image de la France à l'étranger ne manquent pas. Et pourtant, le territoire ne semble rebuter ni les investisseurs, ni les entreprises étrangères. Au contraire. En témoigne en premier lieu le bond de 19,6 à 40 milliards d'euros des investissements directs étrangers en France entre 2004 et 2005selon la Banque de France, plaçant la France au quatrième rang mondial, derrière le Royaume-Uni, la Chine et les États-Unis. "Les investissements étrangers avaient beaucoup reculé au début de la décennie et la reprise concerne d'autres pays industrialisés aussi", nuance Frédérique Sachwald, responsable des études économiques à l'Ifri (Institut français des relations internationales). Globalement, les investissements étrangers dans le monde ont gagné 29% entre 2004 et 2005.

Par ailleurs, les projets d'origine étrangère en France ont augmenté de 12% durant la même période. Comptabilisés par l'Agence française des investissements internationaux (Afii), ces 664 projets ont permis la création de 33.247 emplois. Les Etats-Unis restent en tête des investisseurs en France, avec 29% des emplois créés, suivis par l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Suède, avec respectivement 20%, 9% et 7% des emplois créés.

Pourquoi de telles performances? Parce que les entreprises étrangères ont tout intérêt à choisir l'Hexagone comme terre d'accueil pour s'implanter. C'est du moins ce qui ressort d'une nouvelle étude du cabinet d'audit KPMG, qui porte sur tous les pays du G7, ainsi que sur les Pays-Bas et Singapour. Cette étude prend en compte tous les coûts des entreprises (immobilier, transport, énergie, main d'oeuvre, etc.), y compris les avantages sociaux et la fiscalité.

Résultat: la France se place en troisième position après Singapour et le Canada. Ses avantages? Des coûts plus faibles dans les domaines de l'énergie et des transports, des prix de revient du foncier et même des coûts salariaux réels... charges sociales comprises! Il faut dire que l'idée selon laquelle les salaires français sont élevés vaut surtout pour les employés peu qualifiés en raison du Smic, plus élevé que les salaires minimaux de pays concurrents . A l'inverse, "les rémunérations peuvent être sensiblement plus élevées dans les métiers de la finance à Londres ou à New York", relève Frédérique Sachwald.

Contrairement à bien des idées reçues, la France est donc loin d'être dépourvue d'atouts. C'est sans sourciller que la ministre déléguée au Commerce extérieur Christine Lagarde a pu vanter ainsi le mois dernier aux Etats-Unis les mérites de la France, et en particulier "la productivité horaire, la flexibilité, les réformes engagées par le gouvernement, portant notamment sur la fiscalité et la taxe professionnelle".

Les efforts du gouvernement pour capter l'intérêt des investisseurs et des entreprises étrangères ne sont pas vains. Depuis plus de deux ans en effet, le gouvernement fait de l'attractivité de la France l'une de ses priorités. Après la création en 2004 du Conseil stratégique pour l'attractivité, le gouvernement a annoncé de nombreuses mesures concrètes, comme les allègements fiscaux pour les salariés des entreprises étrangères venant travailler momentanément en France, ou d'autres aménagements pour motiver la venue des chercheurs ou des étudiants.

Récemment, Dominique de Villepin a souligné que les étudiants étrangers "de niveau mastère" bénéficieraient d'un prolongement de visa de six mois pour trouver un premier emploi et n'auraient ainsi pas à retourner dans leur pays pour y chercher un visa. Pour les chercheurs "à fort potentiel", le Premier ministre a promis la distribution de 200 bourses Descartes, qui prévoient une prime équivalente à 30% de leur rémunération pendant cinq ans (lire ci-contre). "Mais les concurrents ont les dents longues, et des pays comme l'Irlande, l'Angleterre ou même les nouveaux Etats membres de l'Union européenne multiplient aussi les initiatives pour attirer les capitaux étrangers", souligne Frédérique Sachwald.

Même constat au niveau des grandes métropoles: Paris se place devant ses grandes rivales Londres et Francfort. Le gouvernement français ne devrait pas pour autant relâcher ses efforts. "D'ores et déjà, je me félicite de l'écoute du gouvernement qui vient de reprendre notre proposition d'inciter les compagnies d'assurance à davantage investir dans les PME innovantes. Mais il faut aller plus vite et plus loin: d'une part en favorisant la création de start-ups dans les hautes technologies et d'autre part en oeuvrant pour la réalisation de chantiers structurants tels que Charles de Gaulle Express, le lycée international et le renouveau de la Défense avec la construction d'une tour emblématique. Ce seront des symboles forts du dynamisme et de l'attractivité de l'Ile de France", indique Thierry Jacquillat, président de "Paris-Ile de France Capitale Economique".

Cette association regroupe la CCIP et une centaine de grandes entreprises françaises et internationales implantées en Ile-de-France, et a pour vocation d'attirer des investissements étrangers dans la région capitale et d'améliorer son attractivité. Un enjeu majeur, sachant que la capitale et sa couronne attirent l'essentiel des investissements étrangers, avec 28,5% des emplois créés, loin devant les régions Rhône-Alpes, Nord-Pas-de-Calais et Midi-Pyrénées.

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