CPE : syndicats et opposition célèbrent leur victoire

Jacques Chirac a décidé de remplacer le Contrat Première Embauche par un dispositif en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté. Syndicats et opposition se félicitent de cette décision, qu'ils interprètent comme un grand succès du mouvement social.

Le CPE a été enterré officiellement ce matin par le chef de l'Etat. Au terme de trois jours d'entretiens entre les partenaires sociaux et les pouvoirs publics, Jacques Chirac a "décidé de remplacer l'article 8 de la loi sur l'égalité des chances par un dispositif en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté", a annoncé l'Elysée dans la matinée. Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a annoncé le dépôt aujourd'hui même de la proposition de loi remplaçant le CPE et souhaité une discussion de ce texte "dans les tout prochains jours" et "pourquoi pas dès demain".

Cette proposition de loi prévoit différentes dispositions qui ont été détaillées par le rapporteur du texte sur l'égalité des chances, le député Laurent Hénart. Selon ce dernier, ces mesures sont "déjà existantes" et donc "le caractère opérationnel de ce plan est évident et immédiat". Leur coût devrait s'élever à environ 150 millions d'euros en 2006 et 300 millions d'euros en 2007.

Laurent Hénard a précisé que la nouvelle proposition portera sur quatre mesures. En premier lieu, il s'agira d'élargir et de renforcer le contrat jeunes en entreprise. L'aide mensuelle versée par l'Etat passera des 150 à 300 euros actuels à 400 euros la première année puis 200 euros la deuxième année. En deuxième lieu, une prime de 200 euros par mois la première année puis de 100 euros la deuxième année sera versée à l'employeur dans le cas des contrats de professionnalisation, quand la période de professionnalisation sera inclue dans le CDI.

Troisième mesure: une "opération coup de poing sur les métiers en tension où il y a près de 300.000 offres non pourvues sur une douzaine de métiers". Dans ces professions (bâtiment, restauration...) quelque 50.000 stages seront débloqués pour autant de jeunes. La dernière mesure, enfin, portera sur le contrat d'insertion dans la vie sociale (Civis), afin que les jeunes concernés bénéficient d'un accès à la vie active en "trois temps": un "temps de trois mois qui permet de faire un bilan de compétence, un enchaînement ou de contrats de travail ou de période de formations et enfin un suivi par un tuteur durant la première année après l'entrée dans l'emploi".

Les "regrets" de Dominique de Villepin

Au préalable, ce matin, s'étaient réunis autour du chef de l'Etat les présidents des groupes UMP de l'Assemblée nationale et du Sénat venus présenter leur projet, Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher. "J'ai voulu proposer une solution forte, parce que j'ai la conviction qu'au-delà de l'engagement nécessaire de l'Etat, seul un meilleur équilibre entre plus de souplesse pour les entreprises et plus de sécurité pour les salariés nous permettra de rompre avec le chômage dans notre pays", a plaidé, vaincu, le Premier ministre après les déclarations de Jacques Chirac. "Cela n'a pas été compris par tous, je le regrette", a-t-il ajouté.

L'article 8 de la loi sur l'égalité des chances créait le Contrat Première Embauche (CPE) contesté par les syndicats, la gauche et les mouvements étudiants et lycéens. Les organisations anti-CPE, qui ne désarmaient pas, avaient donné au gouvernement jusqu'au 17 avril pour l'abrogation pure et simple de ce dispositif. Le remplacement du CPE par ce nouveau dispositif radicalement différent est de nature à calmer les esprits, alors qu'étudiants et lycéens préparaient une nouvelle journée de mobilisation pour demain.

Enthousiasme syndical

De fait, syndicats et opposition n'ont pas dissimulé longtemps leur enthousiasme. Juste après l'annonce du président de la République, le secrétaire général de la FSU Gérard Aschieri s'est félicité sa décision, y voyant un succès du mouvement social. Le numéro un de la CFDT, François Chérèque, a déclaré à l'AFP que "l'objectif de retrait du CPE était atteint", même s'il attendait de connaître "le contenu détaillé de la nouvelle proposition de loi". Se félicitant de l'unité syndicale réalisée durant ce conflit, il s'est déclaré prêt "à s'engager dans une phase de consultations et de négociations pour que tous les jeunes aient accès à l'emploi" et a appelé "le patronat à prendre aussi ses responsabilités" à cet égard.

Pour la CGT, Maryse Dumas, secrétaire confédérale, s'est félicitée de "l'authentique succès ainsi remporté par l'action convergente des salariés, des étudiants et des lycéens ainsi que de l'unité syndicale sans faille qui s'est exprimée tout au long du mouvement". Côté lycéens, le président de l'UNL Karl Stoeckel a salué "une victoire historique après une mobilisation historique" contre le CPE. Toujours sur ses gardes, Bruno Julliard, président du syndicat étudiant Unef, a appelé malgré tout à "maintenir la pression jusqu'au vote par le Parlement" de l'article remplaçant le CPE, dont la suppression constitue selon lui une "première victoire déterminante".

Du côté de l'opposition, le chef de file des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault, a estimé que la disparition du CPE était "un succès pour les étudiants, les salariés et leurs organisations", et constituait "la seule issue possible". Enfin, alors que l'UMP s'est félicité d'une "solution d'apaisement", François Bayrou, président de l'UDF, a déploré un "gâchis" et "deux mois perdus" en raison du CPE, tout en se disant rassuré par la sortie de crise.

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