Villepin annonce une kyrielle de mesures pour l'emploi des jeunes et des seniors

Le Premier ministre crée le Contrat de Première Embauche (CPE), sorte de CNE applicable aux jeunes dans toutes les entreprises, mais assorti de garanties. Il exonère de charges patronales pendant trois ans les embauches des moins de 26 ans en CDI. Quelques mesures ont également été annoncées en faveur des seniors.

Avec un taux de chômage des jeunes de 22% en 2004 en France contre 15,1% en Allemagne et 8% aux Pays-Bas, Dominique de Villepin avait annoncé qu'il ferait de ce problème son cheval de bataille dans sa lutte contre le chômage. Alors que certaines mesures avaient déjà été prises en ce sens, le Premier ministre a lancé ce matin un grand chantier de réformes en faveur de l'emploi des jeunes et des seniors.

- Les entreprises embauchant en CDI, à partir d'aujourd'hui et d'ici à la fin de l'année 2006, des jeunes de moins de 26 ans au chômage depuis plus de six mois, bénéficieront d'une exonération totale de charges patronales pendant trois ans. "J'ai décidé d'étendre le bénéfice des mesures prévues dans le contrat jeune en entreprise, aujourd'hui réservées aux jeunes sans qualification, aux 240.000 jeunes qui, à la date où je parle, sont au chômage depuis plus de six mois", a déclaré le Premier ministre.

- Alors qu'une extension du CNE (contrat de nouvelle embauche) à toutes les entreprises pour les jeunes avait été vivement critiquée par les syndicats, Dominique de Villepin propose pour les jeunes de moins de 26 ans, un "contrat première embauche" (CPE) dans les entreprises de plus de 20 salariés, assorti d'une période d'essai de deux ans. Calqué sur le modèle du CNE, ce contrat est néanmoins assorti de "garanties". Ainsi, s'il est licencié après quatre mois passés dans l'entreprise, le titulaire d'un CPE touchera, en plus de l'indemnité de rupture, une allocation forfaitaire de 460 euros par mois pendant deux mois. De plus, ce contrat spécifique pour les jeunes, considéré comme un contrat à durée indéterminée (CDI), ouvrira droit à une indemnisation chômage prise en charge par l'Etat.

La "période de consolidation" de 24 mois dans l'entreprise qui embauche sous CPE pourra être réduite en prenant en compte les stages, les CDD ou autres formations en alternance éventuellement effectuées par un jeune dans cette entreprise.

- Dominique de Villepin a également indiqué que la taxe d'apprentissage serait modulée en fonction du respect des objectifs de formation en alternance des jeunes dans les entreprises. "Nous avons décidé de fixer un objectif quantifié de jeunes en alternance dans les entreprises de plus de 250 salariés: 1% de leurs effectifs au 1er janvier 2007, 2% au 1er janvier 2008 et 3% au 1er janvier 2009", a précisé le Premier ministre.

- Autre annonce majeure, tous les stages de plus de trois mois donneront lieu à une "indemnité obligatoire". "Une franchise de cotisation sociale à hauteur de 360 euros d'indemnité mensuelle par stagiaire permettra à l'entreprise de mieux rémunérer ses stagiaires", a déclaré le Premier ministre. "Je sais qu'il existe des abus et que beaucoup de jeunes effectuent des stages longs sans être rémunérés: je veux mettre fin à cette dérive". Le stage doit retrouver son caractère pédagogique et favoriser réellement l'insertion des jeunes actifs, a-t-il plaidé. Par ailleurs, les stages longs, de plus de trois mois, seront reconnus comme élément du cursus universitaire. Quant à la prise en compte dans l'ancienneté, le chef du gouvernement souhaite que les partenaires sociaux "ouvrent rapidement des négociations de branche sur ce sujet".

- En faveur des seniors, Dominique de Villepin a annoncé son intention de relever la surcote, sans apporter de chiffrage, pour les salariés qui travaillent au-delà de l'âge de la retraite. Depuis le 1er janvier 2004, dans le cadre de la réforme des retraites, les salariés ayant cotisé au-delà de l'âge légal de la retraite et bénéficiant de 40 annuités ont droit à une pension surcotée. Cette surcote est actuellement de 3% par année de travail supplémentaire cotisée. Par ailleurs, Dominique de Villepin a annoncé l'élargissement des possibilités pour un senior à bas salaire de cumuler emploi et retraite, en relevant le plafond actuel qui correspond au dernier salaire d'activité. Enfin, le Premier ministre souhaite favoriser la retraite progressive en permettant de travailler à mi-temps à partir de 60 ans tout en commençant déjà à toucher au prorata une partie de sa retraite.

Réactions virulentes des syndicats et du PS

Les réactions ont immédiatement fusé du côté des syndicats. Le secrétaire confédéral de la CFDT, Rémi Jouan, a estimé que le Premier ministre "institutionnalisait la précarité", en annonçant la création d'un "contrat première embauche" pour les 18-25 ans construit sur le modèle du controversé contrat nouvelles-embauches (CNE). De son côté, le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, a estimé que le Premier ministre allait ainsi "remettre en cause le CDI" et accroître "la précarité" et la "flexibilité" du travail. Enfin, Maryse Dumas, secrétaire confédérale de la CGT, a estimé que ces mesures allaient "aggraver la précarité" des moins de 25 ans.

De son côté, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), François Hollande, a déclaré que ces mesures sont "doublement contestables". "D'abord parce que cela installe les jeunes dans la précarité. Ensuite, parce que cela introduit une discrimination, une distorsion entre les salariés les plus jeunes et les plus de 25 ans, qui seront écartés" des mesures, a-t-il commenté en marge de ses voeux à la presse.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.