Tension maximale autour du CPE à la veille d'une nouvelle journée d'action

Stimulés par le succès des manifestations étudiantes et lycéennes de jeudi, les opposants au Contrat Première Embauche promettent une nouvelle accélération de la mobilisation samedi. Le président de la République appelle de nouveau au dialogue.

Combien seront-ils dans la rue ce samedi? A la veille du week-end, la mobilisation s'annonçait des plus fortes pour la journée d'action décidée par les syndicats de salariés et les organisations étudiantes et lycéennes contre le Contrat Première Embauche. Au point que le président de la République a jugé utile de lancer un nouvel appel au dialogue...

Le succès des manifestations étudiantes et lycéennes de jeudi aura vraisemblablement donné des ailes aux opposants au CPE. Après les 250 à 500.000 manifestants qui ont défilé un peu partout en France jeudi, la journée de samedi, qui verra les salariés se joindre aux lycéens et étudiants, pourrait attirer encore nettement plus de monde. Le secrétaire national de la CFDT, Rémi Jouan, n'a pas hésité à avancer le nombre de 1,5 million de personnes susceptibles de participer aux manifestations de ce samedi.

Si un tel pronostic se vérifiait, cela marquerait une nouvelle montée en puissance du mouvement, puisque les deux journées de mobilisation précédentes avaient rassemblé moins d'un million de personnes. Mais il est vrai que ces dernières semaines, l'hostilité envers le CPE n'a fait que grandir: selon un sondage publié vendredi matin par Le Parisien et i-Télé, il se trouve aujourd'hui 68% de Français pour souhaiter le retrait du projet, 13% de plus que la semaine dernière... Quant aux universités, la tension n'y retombe pas: plusieurs dizaines d'entre elles étaient toujours perturbées ou bloquées ce vendredi.

Confrontés à cette hostilité d'une opinion qui refuse largement le principe de ce nouveau contrat à durée indéterminée, réservé aux moins de 26 ans, qui permettrait aux employeurs de licencier le salariés sans motif pendant deux ans, les pouvoirs publics sont toujours à la recherche d'une solution.

Jusqu'ici, la stratégie du Premier ministre Dominique de Villepin a consisté à dire qu'il était ouvert à toute discussion pour améliorer l'environnement du CPE, sans toucher à la loi elle-même puisqu'elle a été votée. Mais cette approche n'a guère rencontré de succès, puisque les partenaires sociaux, ulcérés de ne pas avoir été consultés lors de l'élaboration du projet, posent comme préalable son retrait avant toute discussion.

Inquiet de cette impasse et de la montée des tensions, le chef de l'Etat est intervenu à plusieurs reprises cette semaine pour manifester publiquement son soutien à Dominique de Villepin et appeler au dialogue. Le président de la République est revenu à la charge vendredi, affirmant lors d'une intervention à l'Elysée que le gouvernement est "prêt au dialogue" et exprimant le voeu que "celui-ci s'ouvre au plus vite".

Sur le fond, Jacques Chirac continue à vanter les mérites du CPE, qui devrait constituer "un élément important de la politique de lutte contre le chômage", susceptible de "créer des emplois nouveaux pour les jeunes qui sont aujourd'hui largement les laissés pour compte du marché du travail".

Mais dans l'immédiat, bien loin de saisir les offres d'ouverture formulées par les pouvoirs publics, l'opposition ne cesse de faire monter la pression. Vendredi, les appels au retrait du projet se sont multipliés. Sans surprise du côté de la secrétaire nationale du PCF Marie-George Buffet, par exemple, qui a exhorté le gouvernement à prendre ses "responsabilités" et "à retirer" le contrat première embauche. Mais aussi, de façon plus préoccupante pour le gouvernement, de la part d'organisations habituellement modérées comme la CFTC. Le secrétaire général de celle-ci, Jacques Voisin, a ainsi affirmé vendredi que pour "être légitime", la loi devait "reposer sur l'avis de ceux qui sont directement concernés", et a renouvelé son appel au retrait du CPE comme préalable à l'ouverture d'un dialogue.

Désormais, l'évolution de la crise dépendra beaucoup de l'ampleur des manifestations de samedi. D'ores et déjà, les différentes organisateurs envisagent de faire encore monter la pression la semaine prochaine. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, a ainsi affirmé que "si nous parvenons samedi à être extrêmement nombreux", et "puisque manifestement le gouvernement veut jouer l'usure, il faudra envisager d'un commun accord de passer à un cran supérieur". Solution, selon la FSU: lancer une "grève interprofessionnelle" dès la semaine prochaine...

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