France : 1,4% seulement de croissance en 2005

Attendu en hausse de 1,6% par les économistes et entre 1,5 et 2% par le gouvernement, le PIB n'a progressé que de 1,4% sur l'ensemble de l'année dernière. Une déception essentiellement attribuable à la faiblesse de la consommation domestique et des exportations.

Sévère coup de frein de la croissance française fin 2005. Le Produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,2% au quatrième trimestre, et de 1,4% sur l'ensemble de l'année dernière, selon une estimation "précoce" communiquée ce matin par l'Insee. Le consensus des économistes tablait sur un chiffre de 0,4% sur les trois derniers mois et sur 1,6% pour l'ensemble de l'année 2005. De son côté, le ministre des Finances Thierry Breton avait encore évoqué au début de cette année une croissance de 0,5% ou 0,6% au quatrième trimestre 2005, pour une croissance sur l'ensemble de l'année comprise entre 1,5% et 2%. Mais c'est donc un brusque ralentissement qui a été observé au trimestre dernier, après le rebond de 0,7% du troisième trimestre, qui avait suivi des taux de croissance de 0,3% et 0,1% aux premier et deuxième trimestres.

"Aucun détail de la croissance n'est encore disponible, mais tout porte à croire que la consommation domestique, les exportations (voir encadré ci-dessous, ndlr) et la production industrielle ont été plus faibles que prévu", souligne Dominique Barbet, économiste chez BNP Paribas. Attendue en hausse de 0,2%, la production industrielle est ressortie ce matin en recul de 0,3% au mois de décembre. Laure Maillard, économiste chez Ixis, ajoute à ce sombre tableau la décélération des investissements, qui avaient atteint des sommets au troisième trimestre. Avant de tirer des conclusions trop hâtives pour revoir ses prévisions 2006, l'économiste attend néanmoins le détail du PIB, qui sera publié par l'Insee le 21 février. Alors que les économistes prévoyaient jusqu'à présent une croissance de 2,1% en 2006, Thierry Breton a confirmé ce matin sa prévision de croissance comprise entre 2 et 2,5% pour cette année.

Les comptes trimestriels font l'objet de trois publications successives, "l'estimation précoce", les "premiers résultats" et les "résultats détaillés", respectivement 42 ou 43 jours, 50 jours et 90 jours après la fin du trimestre. Cette première estimation est donc susceptible d'être révisée. Reste que ce niveau de croissance, même s'il est légèrement revu à la hausse, est déplorable en comparaison de la croissance mondiale, estimée à 4,3% en 2006. "Ces chiffres nous confortent dans l'idée que la croissance de la zone euro attendue mardi prochain sera décevante", conclut Dominique Barbet.


Déficit du commerce extérieur abyssal en 2005
Le commerce extérieur français a enregistré un déficit record de 26,5 milliards d'euros en 2005, plus de trois fois plus que les 8,3 milliards comptabilisés en 2004 (révisé), selon les données communiquées ce matin par les Douanes. Au mois de décembre, les exportations se sont montées à 31,3 milliards d'euros et les importations à 34,4 milliards. "La dégradation par rapport à 2004 est largement liée à l'industrie civile, qui a enregistré un déficit de 6,1 milliards d'euros, après un surplus de 1,6 milliard en 2004", note Nicolas Bouzou, économiste chez Xerfi. "Le niveau élevé de l'euro par rapport au dollar peut difficilement être incriminé dans la mesure où la France échoue là où l'Allemagne réussit avec les mêmes contraintes", ajoute-t-il. Trois raisons à cela, selon Marc Touati, chez Natexis: "primo, une mauvaise répartition géographique: plus de 50% de nos exportations sont à destination de la zone euro, qui est la lanterne rouge de la croissance mondiale depuis cinq ans. Secundo, une mauvaise spécialisation sectorielle: les biens d'équipement ne représentent que 22% de nos exportations contre 45% pour celles de l' Allemagne. Tertio, nos PME ont du mal à franchir le Rubicon de la vente à l'étranger et lorsqu'elles y arrivent, elles le font de plus en plus en produisant à l'étranger pour vendre sur place, ce qui ne transparaît donc pas dans les exportations françaises". La ministre du Commerce extérieur Christine Lagarde a néanmoins affirmé ce matin que 2006 serait un "bon cru" pour les exportations françaises.

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