L'inflation stimulée par la mondialisation

Selon une étude de la Banque de France, la mondialisation, qui a suscité une décrue générale des prix pendant de nombreuses années, pourrait maintenant peser en sens inverse, du fait notamment de la forte demande de matières premières de la part des pays en développement.

La mondialisation, qui a tant contribué au ralentissement général de l'inflation dans le monde ces dernières années, va-t-elle désormais contribuer à une relance de la montée des prix? C'est la question que pose la Banque de France dans une étude publiée aujourd'hui. Une question qui ressemble d'ailleurs bel et bien à une mise en garde.
Selon l'étude publiée dans le bulletin mensuel de la banque centrale, le rôle de la mondialisation dans la décrue de l'inflation sur les quinze dernières années ne fait aucun doute.

L'ouverture et l'interdépendance croissante des économies a accru la concurrence, rendant plus risqué pour les entreprises de procéder à des hausses de prix et plus difficile pour les salariés d'obtenir des hausses de rémunération au-delà des gains de productivité, écrivent-ils.

Et bien évidemment, la production dans des pays émergents comme la Chine de biens destinés aux pays industrialisés, réalisée par des ouvriers bénéficiant de très faibles salaires, a constitué un facteur puissant de baisse générale des prix.

Mais aujourd'hui, cette situation pourrait bien être en train de changer. En effet, notent les auteurs de l'étude, "si la mondialisation a contribué au ralentissement de l'inflation sur les quinze dernières années (...), la convergence des cycles économiques et la pression des pays émergents sur les marchés de matières premières peuvent faire peser de nouveaux risques sur la stabilité des prix".

On constate, de fait, cette année, une flambée du prix de l'ensemble des matières premières, qu'il s'agisse des métaux ou du pétrole, liée notamment à la demande en croissance exponentielle des grands pays en développement comme la Chine et l'Inde. Des phénomènes qui se traduisent par des augmentations de prix au niveau des consommateurs dans tous les pays, ne serait-ce qu'en ce qui concerne l'essence.

Autre facteur mis en avant par les auteurs de l'étude: "la plus grande synchronisation des conjonctures entre les principales régions économiques mondiales crée un contexte global plus favorable au développement de l'inflation", surtout après quatre années de croissance mondiale soutenue.

Cette montée des tensions inflationnistes internationales n'est pas sans conséquence. Il faut y voir une explication du fait que "dans toutes les grandes zones du monde, les politiques monétaires soient orientées à la hausse, à des degrés et avec des calendriers divers, dans le sens d'un resserrement", note la Banque de France. En conséquence, les marchés anticipent désormais une aggravation de l'inflation - et des hausses de taux - à court terme. D'où les corrections intervenues ces derniers mois sur les marchés boursiers.

A l'inverse, "les anticipations à plus long terme, telles que mesurées par l'écart de rendement entre les titres indexés et non indexés sur l'inflation, manifestent une grande stabilité", soulignent les auteurs qui y voient le signe d'une "crédibilité des banques centrales" toujours "très forte".

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