Le nickel s'envole à un plus haut depuis 19 ans

Le mouvement de grève sur le site d'Eramet en Nouvelle Calédonie a dopé le prix du nickel, très sensible dans un marché où la demande devrait excéder l'offre cette année. Les autres métaux non-ferreux connaissent un sort similaire dans des marchés très tendus.

Les métaux non-ferreux poursuivent leur envolée aujourd'hui au London Metal Exchange (LME). Le nickel pour livraison trois mois, qui a vu son cours doubler en une année, a atteint 31.300 dollars la tonne dans la matinée sur la plus grande plate-forme d'échange mondiale de non-ferreux (aluminium, cuivre, nickel, zinc, plomb). Le nickel apparaît aujourd'hui sensible au moindre aléa, ses stocks ayant reculé de 87% cette année et représentent désormais moins de deux jours de consommation mondiale au LME. Du coup, son prix s'envole depuis la grève qui sévit depuis le 25 septembre en Nouvelle-Calédonie. Propriétaire du site, le groupe français Eramet, coté à la Bourse de Paris, a dû ralentir sa production. "La production est bloquée sur trois de nos cinq mines; nous perdons 40 tonnes de production par jour sur 180 habituellement", explique Philippe Joly, porte-parole d'Eramet. Le groupe est le cinquième producteur mondial de nickel avec 5% de la production totale.

"La flambée des cours s'explique essentiellement par le problème d'approvisionnement d'Eramet", commente à l'agence Bloomberg David Thurtell, analyste chez BNP Paribas. Les grévistes bloquent l'accès d'une des quatre mines du site, ils font partie de la Confédération syndicale des travailleurs de Nouvelle-Calédonie, à l'origine de l'appel à la grève, qui réclame notamment des mesures contre le coût de la vie, la démission du gouvernement local et le " départ immédiat " des travailleurs philippins employés sur le chantier de construction de l'usine métallurgique Goro Nickel, du canadien Inco, dans le Sud de l'archipel. Dès lors, le groupe n'est pas en mesure de parlementer avec le syndicat et la durée du mouvement social reste indeterminé.

Il semble en tous cas que l'incident ait mis en valeur le rôle stratégique du groupe dans l'extraction et le développement du nickel, et ses profits liés à l'envolée des cours du métal. Eramet Nickel "devrait maintenir un niveau de rentabilité très élevé sur le deuxième semestre" en raison de la forte hausse des cours du nickel et du programme de couverture sur le nickel qui concerne 60% des livraisons, avait d'ailleurs mis en avant le groupe début septembre, lors de la présentation de ces résultats semestriels. Le cours d'Eramet a gagné 13% depuis le début de la grève.

Le groupe d'étude international sur le nickel estime que la demande devrait outrepasser l'offre cette année. Tirée par la production d'acier inoxydable, son premier débouché, la demande est attendue en progression de 10% à 1,37 million de tonnes. Elle est particulièrement dynamique en Chine. Or, la production n'est attendue qu'à 1,35 million de tonnes. "Un déséquilibre bien plus significatif s'était créé à la fin des années 1980. Alors que nombre de sites avaient été fermés après les chocs pétroliers, la demande s'est soudainement reconstituée. Mais le nickel n'avait pas dépassé 9 dollars à prix constants; la spéculation pourrait donc expliquer en grande partie l'envolée actuelle", estime Philippe Joly.

Le cuivre pour livraison trois mois a de son côté bondi de 1,1% à 7.540 dollars la tonne aujourd'hui. L'étain, lui, avait atteint vendredi dernier un plus haut historique à 10.428 dollars la tonne pour une livraison à trois mois. Selon les analystes de Standard Bank, le métal utilisé pour la ferblanterie et les soudures devrait connaître un déficit de 6.000 tonnes cette année. Ces dernières semaines, l'offre fait défaut en partie à cause de perturbation de production dans l'île indonésienne de Bangka.

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