L'irrésistible montée en puissance du pouvoir latino aux Etats-Unis

Alors que la Chambre des représentants veut réprimer les quelque 11 millions d'immigrés clandestins que compte le pays, la communauté hispanique - ses entrepreneurs comme sa main d'oeuvre bon marché - continue d'accroître son influence sur l'économie américaine.

Au moment où le Congrès, en pleine ébullition à quelques mois des élections de mi-mandat, est très divisé sur l'avenir des travailleurs clandestins, le Bureau des statistiques vient de publier une étude des plus intéressantes. Selon le Census Bureau, entre 1997 et 2002 le nombre d'entreprises créées par la communauté hispanique des Etats-Unis a augmenté à un rythme trois fois supérieur à la moyenne nationale américaine. A la fin 2002, les hispaniques possédaient ainsi 1,6 million de sociétés, un bond de 31% sur cinq ans.

Même si, au total, les hispaniques ne possèdent que 7% des entreprises contre 6% en 1997, leur influence sur la société américaine croît doucement mais sûrement. Depuis deux semaines, cette communauté se rappelle au bon souvenir du reste de l'Amérique en manifestant massivement contre un projet de loi voté par la Chambre des représentants, très répressif pour les travailleurs clandestins. Le texte de la Chambre basse prévoit de considérer désormais les travailleurs clandestins comme des "criminels" aux yeux de la loi. Les représentants se sont en outre prononcés en faveur de l'édification d'un mur de 1.120 kilomètres à la frontière américaine et mexicaine.

Cet arsenal sécuritaire est jugé injuste par la Maison-Blanche. George W. Bush qui, rappelons-le, a été gouverneur de cet Etat frontalier qu'est le Texas, constate que les travailleurs immigrés, même entrés illégalement dans le pays, contribuent à sa robustesse économique. Le président estime de fait que ceux-ci méritent d'être légalement intégrés à la première économie mondiale, même de façon provisoire.

Juste avant les congés parlementaires de Pâques, républicains et démocrates du Sénat ne sont pas parvenus à s'entendre sur la création d'un statut de "travailleur invité". Même si un compromis était finalement voté par une majorité des sénateurs, leur projet de loi sera difficilement conciliable avec celui voté en décembre par les représentants. Les débats entre les deux chambres promettent d'être non seulement houleux mais laborieux.

En attendant qu'un consensus soit trouvé au Capitole, la communauté mexicaine travaille d'arrache-pied. Sur les 11 millions d'immigrés clandestins que comptent les Etats-Unis - dont 56% sont mexicains - 7,2 millions travaillent. Ils représentent en tout 5% de la main d'oeuvre du pays. D'un point de vue fiscal, l'intégration a du bon. Sur les 1,6 million de sociétés appartenant à des entrepreneurs hispaniques, environ 30.000 réalisent déjà un chiffre d'affaires annuel supérieur à 1 million de dollars. Autant d'éléments que les membres du Congrès, même ceux désireux de répondre aux instincts les plus sécuritaires de leur électorat de base, devraient prendre en compte.

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