Incertitude totale au Mexique après l'élection présidentielle

Les Mexicains ont voté dimanche pour élire un nouveau président, mais au lendemain du scrutin, ils ne savent toujours pas qui ils ont choisi. En attendant, les deux favoris de cette élection se sont déjà proclamés vainqueurs...

Au lendemain de l'élection présidentielle mexicaine, le nom du gagnant reste un mystère. Le scrutin s'est avéré tellement serré que les deux candidats favoris, Felipe Calderón du PAN (parti sortant conservateur) et Andrés Manuel López Obrador du PRD (parti de gauche) n'ont pas encore pu être départagés.

L'Institut Fédéral Electoral a annoncé dans la nuit de dimanche à lundi qu'il était impossible de déterminer le gagnant de l'élection présidentielle à partir du programme de résultats électoraux préliminaires, car l'écart de voix entre le premier et le deuxième candidats est plus faible que la marge d'erreur de l'estimation. C'est pourquoi Luis Carlos Ugalde, le président de l'institut, a déclaré que son organisme commencera à partir de mercredi le dépouillement des votes district par district, comme le prévoit la loi. Les résultats devraient être connus dimanche 9 juillet au plus tard. Le nouveau président ne prendra ses fonctions que le 1er décembre.

En attendant, le président de l'autorité électorale a demandé aux deux favoris de s'abstenir de se proclamer vainqueurs. Ceux-ci se sont empressés de faire le contraire. "C'est une manière de faire pression", estime le consultant politique Cosme Ornelas. "A partir du moment où l'autorité électorale ne donne pas de résultat, elle laisse la porte ouverte aux deux candidats pour qu'ils essaient de prendre l'avantage. C'est naturel". Il existe un risque si les deux candidats contestent les résultats définitifs, "mais je crois que le problème va se résoudre", considère-t-il. Une fois que l'Institut Fédéral Electoral annonce les résultats, les candidats peuvent présenter un recours au Tribunal Fédéral Electoral.

Les institutions mexicaines sont donc mises à l'épreuve. Faisant un parallèle avec les Etats-Unis, où les élections de 2000 entre George W. Bush et Al Gore n'avaient pas permis de déclarer un gagnant tout de suite, le commentateur politique Lorenzo Meyer explique: "Là-bas, ils ont deux siècles d'expérience démocratique. Nous n'avons que six ans d'expérience". Lors de l'élection présidentielle de 2000, les électeurs mexicains avaient mis fin à plus de 70 ans de domination du PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel). "Il y a des années, nous avions la certitude autoritaire, où nous nous demandions pourquoi nous allions voter, puisque nous savions déjà qui allait gagner", déclare Sergio Aguayo, professeur au Collège du Mexique. "De là, nous sommes passés à l'incertitude démocratique, qui est saine mais inquiétante".

Malgré tout, ces élections ont aussi été accompagnées de quelques certitudes. Tout d'abord, quel que soit le nom qui sortira gagnant du scrutin présidentiel, il devra composer avec un congrès sans majorité. En effet, les élections législatives qui se sont aussi déroulées dimanche ont donné 34% au PAN, 29% au PRD et 28% au PRI. Par ailleurs, le recul du PRI a été confirmé sur tous les fronts: présidentiel, législatif et dans les différents Etats de la République où les électeurs devaient choisir maires et gouverneurs. "Si quelque chose est clair dans ces élections, c'est que nous avons désormais une droite et une gauche, et un PRI qui est dans les limbes idéologiques, où eux-mêmes ne savent pas se placer", conclut Sergio Aguayo.

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