Guerre des mots entre Caracas et Washington

Même si le pétrole coule à flot entre les deux pays, les Etats-Unis voient d'un très mauvais oeil que Hugo Chavez finance désormais les élections de leaders anti-américains dans toute l'Amérique latine.

Et pan, sur le bec! Et tiens, prends cela sur le nez! Depuis quelques jours, Caracas et Washington se balancent de vacheries à la figure. "Comme Hitler, Hugo Chavez a été élu", a entonné Donald Rumsfeld, le ministre américain de la Défense, à propos du président vénézuélien. "A côté de Bush, Hitler est un enfant de choeur", a rétorqué Chavez. Venezuela et Etats-Unis se sont aussi renvoyés du personnel diplomatique, Chavez accusant l'attaché naval américain d'être un espion, allégation catégoriquement rejetée par Washington, qui a répondu par l'expulsion d'un diplomate vénézuélien...

Et comme si cela ne suffisait pas, les Américains ont bloqué la vente de patrouilleurs et d'avions de transport militaire venant d'Espagne et à destination du Venezuela sous prétexte que certaines pièces d'équipement étaient en fait américaines... Hugo Chavez, qui n'a pas apprécié, a juré qu'il continuerait de s'armer contre les Américains, ou les chiens d'impérialistes yankees comme il dit, et qu'il poursuivrait les expulsions de diplomates américains si nécessaire.
Autant dire que l'ambiance, qui n'a jamais été au beau fixe entre les deux pays, n'a jamais été aussi pourrie, depuis la première élection d'Hugo Chavez, il y a sept ans, que ces derniers jours...

Que signifie tout cela? Y a-t-il paranoïa de la part d'Hugo Chavez, qui soupçonne depuis longtemps le gouvernement américain d'avoir essayé de fomenter un coup d'Etat, il y a quelques années? Il faut dire que les Etats-Unis, et eux seuls, s'étaient empressés de reconnaître le putschiste...

Mais que cherchent donc les Américains? Pourquoi aliéner Chavez alors qu'assoiffés de pétrole, ils achètent la moitié environ de la production vénézuélienne? Et si les Américains ont décidé de s'affranchir, autant que faire se peut, de leur dépendance vis-à-vis des pays arabes, ils n'ont rien prévu pour l'instant concernant le Venezuela. Chavez, quand à lui, sait bien qu'il y aurait pléthore de clients, en Asie notamment, pour son or noir. Mais il n'empêche, le transport serait nettement plus onéreux qu'en direction de la Nouvelle Orléans...

Pour l'heure, en tout cas, le président vénézuélien boit du petit lait: plus le prix du baril monte, plus il dispose de fonds. Et alors qu'il s'était contenté ces dernières années, de lancer des programmes sociaux, dans un pays qui en avait bien besoin, il est passé à la vitesse supérieure des derniers mois, à la faveur d'élections présidentielles sur le Continent.

On le soupçonne en effet d'avoir, toujours avec la manne pétrolière, alimenté les caisses de candidats comme Evo Morales, en Bolivie, ou Michelle Bachelet au Chili. Elus avec ou sans l'aide vénézuélienne, il n'empêche que les deux nouveaux leaders sont de gauche, et dans le cas de Morales, assez anti-américains. Pas étonnant que Washington s'agace!

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