La BCE confirme les anticipations de hausse des taux en décembre

Après cinq tours de vis d'un quart de point chacun depuis décembre dernier, la Banque centrale européenne a laissé aujourd'hui son taux directeur inchangé à 3,25%. Si une nouvelle hausse en décembre ne fait plus l'ombre d'un doute, les anticipations divergent pour 2007.

A court terme, les dés étaient jetés. C'est donc sans surprise que la Banque centrale européenne (BCE) a aujourd'hui laissé son taux directeur inchangé à 3,25%. Mais sur le long terme, les interrogations subsistent. Certes, le gouverneur de la BCE Jean-Claude Trichet a renforcé dans son traditionnel discours en début d'après-midi les anticipations d'un sixième tour de vis d'un quart de point en un an, qui portera le taux directeur à 3,5% avant la fin de l'année. "La politique monétaire reste accommodante (...), une grande vigilance est nécessaire sur les risques inflationnistes", a déclaré Jean-Claude Trichet, employant des formules immanquablement utilisées pour préparer à une hausse imminente des taux. Mais le gouverneur de la BCE a laissé planer le doute sur ses intentions l'an prochain.

Guillaume Menuet, économiste chez Merrill Lynch, interrogé par l'agence Bloomberg, était certain que Jean-Claude Trichet ne laisserait rien percer avant la prochaine réunion de politique monétaire en décembre. Alors que sur les marchés à terme, les anticipations portent sur un taux à 3,75% au 31 mars, seuls 9 des 26 économistes suivis par Bloomberg tablent sur un nouveau resserrement au premier semestre 2007.

Le ralentissement de l'économie américaine et les politiques budgétaires restrictives en Europe - particulièrement en Allemagne et en Italie - avaient ces derniers temps laissé s'infiltrer l'hypothèse d'une "pause" dans le cycle de resserrement monétaire de la BCE, dans le sillage de la Réserve fédérale. Qui plus est, le taux d'inflation a basculé en octobre à 1,6% dans la zone euro, au-dessous du seuil de tolérance de 2% du Pacte de stabilité, grâce à la brutale décrue des cours du pétrole.

Mais les derniers chiffres macro-économiques devraient pousser la BCE à un retour à la neutralité monétaire, le taux de 3,5% étant encore jugé "accommodant". En particulier, les indices de confiance des industriels français et allemands, publiés par l'Insee et l'Ifo la semaine dernière, se sont révélés très encourageants sur la solidité de la croissance européenne. Jean-Claude Trichet s'est lui même montré très serein sur la vigueur de la croissance.

"Les statistiques économiques confirment l'élargissement de la croissance économique", a-t-il déclaré aujourd'hui, ignorant le recul de l'inflation d'octobre. "Les risques inflationnistes sont clairement en hausse dans la zone euro, la croissance de la masse monétaire M3 et des crédits reste un risque pour la stabilité des prix", estime-t-il. Autrement dit, ceux qui plaidaient pour une "pause" dans le cycle de resserrement monétaire ont aujourd'hui tout intérêt à s'armer de patience.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.