La grève de la SNCF pourrait entraîner de lourdes perturbations

Le dialogue social à la SNCF se détériore depuis l'arrivée de la nouvelle présidente Anne-Marie Idrac en juillet. C'est du moins ce qu'ont déclaré aujourd'hui les syndicats, à deux jours de la grève nationale qu'ils ont appelée. "Le dialogue social s'est complètement détérioré au sein de l'entreprise, sinon comment expliquer que six syndicats sur huit appellent à la grève du 8 novembre?", a indiqué Jean-Michel Sgorlon, secrétaire-général adjoint de la CGT-Cheminots. Les syndicats se sont inquiétés notamment de la situation "catastrophique" du transport de marchandises. Jean-Michel Sgorlon a souligné que le dialogue social "ne se mesure pas au nombre de réunions tenues mais à l'ouverture de véritables négociations". Le mouvement de grève des cheminots - à l'appel de la CGT, Sud Rail, FO, CFE-CGC, CFTC et Fgaac, mais pas de la CFDT ni de l'Unsa - débute mardi à 20h00 pour se terminer jeudi à 08h00. Le trafic SNCF subira d'importantes perturbations mercredi, avec une circulation moyenne prévue de 2 TGV sur 3, 1 train grandes lignes Corail sur 3, 1 TER sur 2 et 1 Transilien sur 2 en Ile-de-France, a annoncé la SNCF. Les revendications des cheminots sont multiples et vont de la défense du fret à leur statut en passant par l'emploi, l'amélioration des salaires ou le règlement du contentieux traction et l'arrêt des procédures disciplinaires à l'encontre de certains guichetiers indélicats. Demandant des "mesures concrètes" à Mme Idrac, qu'elle accuse de vouloir filialiser le fret, l'intersyndicale estime que "la libéralisation du fret favorise la concurrence et le dumping social". "La situation catastrophique du plan Fret 2004-2006 avec sa désorganisation, la fermeture des gares, des triages, l'écrémage du trafic, l'anticipation à la concurrence et la suppression de 7.000 emplois entérine de lourdes conséquences sur le fonctionnement et l'emploi de nos bureaux administratifs", estime-t-elle. Selon les syndicats, la direction "cache les prévisions Fret" qui envisageraient un trafic 2006 de 40 milliards de tonnes/kilomètres, à comparer aux 55 de 2000. Les organisations syndicales entrevoient dans les "non-réponses préoccupantes de Mme Idrac", une "non-volonté de négocier" et menacent de "tirer les conclusions si des réponses claires et précises ne sont pas apportées à leurs questions" mercredi. "On ne peut pas prétendre avoir le dialogue social en tête et penser à affronter les syndicats", a fait valoir William La Rocca de la Fgaac. Lors du séminaire annuel de presse organisé mi-septembre par la SNCF à Séville (Espagne), Mme Idrac a fait état de son "incompréhension" face à l'appel à la grève du 8 novembre, elle a évoqué "la guerre froide" et le "mur de Berlin", déclenchant la colère des syndicats.De son côté, la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a demandé aujourd'hui la généralisation de "la charte de service prévisible" en cas de grève dans les transports. Signée jusqu'ici par l'ensemble des transports publics, la CFTC et l'Unsa Transports, la charte sur le service minimum garanti en vigueur depuis juillet prévoit - lorsque le conflit ne peut être évité- , de mieux informer 48 heures avant les usagers sur l'état du trafic et d'instaurer quatre niveaux de priorités. Un niveau 1 en cas de fortes perturbations (dessertes des écoles, hôpitaux, services administratifs), un niveau 2 pour des perturbations moins élevées (dessertes de lignes d'autobus ou de métro ajoutées aux heures de pointe), et ainsi de suite."Une fois de plus, le dialogue entre syndicats et direction se révèle inefficace à la SNCF malgré l'existence, depuis septembre 2004, d'un accord social visant à prévenir les conflits", regrette la Fnaut dans un communiqué. La fédération a fait également part de son inquiétude au sujet de la branche fret de la SNCF, principal foyer de pertes de la société nationale. "La présente grève ne peut qu'accentuer" le "déclin" du fret, affirme-t-elle. "En renvoyant du trafic sur la route", la chute du fret pose des problèmes en matière de "sécurité routière, de santé publique, d'économie de pétrole et de réduction des émissions de gaz à effet de serre", déplorent encore les usagers des transports.
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