EADS, Forgeard s'explique sur la vente de ses actions

Noël Forgeard, co-président du groupe EADS, s'est expliqué ce matin sur la vente des titres antérieurement à l'effondrement du cours. Il affirme n'avoir été informé que courant avril des déboires d'Airbus. L'AMF a déclaré aujourd'hui enquêtait sur le sujet depuis plusieurs semaines.

Dans une interview accordée ce matin à Europe 1, Noël Forgeard, le co-président du groupe de défense et d'aéronautique, se défend au sujet de la vente d'une part de ses actions avant l'effondrement du cours découlant de l'annonce de retards de livraison sur le gros porteur, l'A380. Le co-président a en effet vendu en mars un paquet d'actions, réalisant une plus-value substantielle. Il a expliqué qu'il n'avait été prévenu que courant avril des retards de fabrication. "Nous n'étions pas au courant, ni les actionnaires ni les dirigeants d'EADS", a-t-il martelé, soulignant qu'"à l'évidence", les systèmes d'alerte internes au groupe n'avaient pas bien fonctionné.

L'Airbus A380 "est un avion très compliqué, vu l'ampleur formidable du programme, il y a eu un goulot d'engorgement, et une sonnette d'alarme qui n'a pas fonctionné en temps opportun. C'est très tardivement que les équipes nous ont informés", a-t-il détaillé. L'ex-président d'Airbus a particulièrement stigmatisé "certaines usines", avec "une assez grosse concentration de problèmes à Hambourg". "La direction du programme A380 à Toulouse n'est pas en cause", a-t-il en revanche souligné.

Noël Forgeard s'est également défendu d'avoir su à l'avance que les deux actionnaires de référence d'EADS, DaimlerChrysler et Lagardère, allaient se désengager partiellement du groupe en avril. "Je l'ai appris le 20 mars, lors d'une réunion à Munich. À la fin, Arnaud Lagardère et Manfred Bischoff nous ont informés qu'ils avaient pris la décision l'un et l'autre de vendre 7,5% de leurs actions début avril". Toutefois, a-t-il concédé, "c'était un secret de polichinelle, car cela faisait des années que l'un et l'autre avaient dit que cela pouvait arriver".

Concernant la vente d'actions réalisée en mars par ses enfants, le dirigeant d'EADS a assuré être "seul responsable" de cette décision. "Cette mention de mes enfants m'exaspère", a dit Noël Forgeard, plaidant pour ses enfants "qui s'installent dans la vie professionnelle"."Il n'y a eu absolument aucun mal de fait et fusse le cas, j'en serais bien évidemment le seul responsable", a-t-il lancé. "J'ai donné à mes enfants les plus-values que je pouvais tirer d'un certain nombre d'actions. Qu'on les laisse tranquilles, ce ne sont pas eux qui ont donné les ordres de Bourse, c'est moi qui les ai donnés", a-t-il ajouté. Il a par ailleurs précisé qu'il possédait "encore la moitié" de ses stock-options.

En mars, Noël Forgeard a réalisé une plus value de 2,5 millions d'euros. Ses trois enfants aussi ont vendu des titres. Il a expliqué avoir passé lui-même les ordres de vente pour leur compte, pour leur "donner la plus-value", et se dit seul responsable de cette décision. L'Association de défense des actionnaires minoritaires a demandé à l'Autorité de régulation des marchés financiers d'enquêter sur les circonstances de ces ventes de titres. En avril, le groupe Lagardère a également procédé à des cessions portant sur 7,5% du capital du groupe franco-allemand.

L'Autorité des marchés financiers (AMF) a indiqué aujourd'hui dans un bref communiqué qu'elle enquêtait "depuis plusieurs semaines sur le marché du titre EADS".
"Les événements les plus récents seront examinés dans le cadre de cette enquête", a-t-elle seulement précisé. Cette enquête était notamment réclamée par Colette Neuville, présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam).

Noël Forgeard a enfin affirmé son intention de rester à la tête d'EADS. "Je souhaite rester et apporter ma pierre. J'ai mis une grande partie de ma vie dans cette maison, mais ce n'est pas à moi d'en décider, c'est aux actionnaires", a-t-il indiqué.

Le titre du groupe français EADS était en hausse ce matin à la Bourse de Paris. Après quelques minutes de cotations le titre engrangeait 3.30% à 20.66 euros, affichant même la deuxième meilleure performance de l'indice CAC 40 à l'ouverture. A la clôture, la tendance s'est inversée avec un recul du titre de 0,50% à 19,90 euros.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.