"EADS peut encore jouer un rôle de consolidateur car sa position dans le dossier Thales n'est pas encore définie"

Selon Clémence Bounaix, analyste chez Richelieu Finance, le rapprochement d'EADS et Thales est encore d'actualité, même si l'arrivée d'Alcatel dans le jeu complique les choses. Pour l'analyste, le marché apprécierait davantage un rapprochement entre les deux groupes plutôt qu'un transfert d'actifs.

latribune.fr- Pourquoi les groupes DaimlerChrysler et Lagardère ont-ils choisi de vendre une partie de leur capital dans EADS?

Clémence Bounaix- Il semble que l'aéronautique ait atteint un haut de cycle, notamment dans le domaine civil, où EADS est présent à travers Airbus (détenu à 80% par le groupe, NDLR). En Bourse, EADS a atteint un pic, ce qui justifiait une cession de titres. En tout cas, nous n'avons pas été surpris par ces décisions. D'autant que Lagardère avait déjà annoncé vouloir descendre dans le capital d'EADS en même temps que DaimlerChrysler. De plus, Lagardère a de grands projets de croissance externe, dans le domaine des médias et du livre, qui font partie de son coeur de métier.

Comment expliquer que ce désengagement intervienne maintenant?

L'annonce de ce désengagement à venir s'explique également par des motivations fiscales. Pour les deux groupes, il est intéressant fiscalement de sortir du capital seulement à partir de 2007. Les deux actionnaires principaux d'EADS vendront dans un premier temps 7,5% du capital du constructeur aéronautique dès l'année prochaine. Même si Lagardère devrait être en mesure de se désengager un peu plus tôt. Les deux groupes, qui ont signé un pacte d'actionnaires, ont la possibilité de céder jusqu'à 60% maximum de leur participation, afin de pouvoir conserver leurs pouvoirs en termes de gouvernance. Mais à terme, les deux entreprises devraient finalement se désengager totalement du capital d'EADS.

Pourtant, DaimlerChrysler a indiqué récemment qu'il souhaitait conserver en tout état de cause 15% du capital d'EADS...

Certes, à court terme cela sera le cas. Mais en fin de compte, même pour le fabricant automobile, il s'agit d'un investissement financier. Même si le calendrier n'est pas connu, il devrait céder, à terme, toute sa participation.

Qu'en est-il d'un rapprochement entre EADS et Thales?

Ce rapprochement, qui était nettement souhaité par le marché, a été remis en question par l'arrivée d'Alcatel dans le projet. Alcatel et Thales fusionnent en effet leurs actifs dans le spatial. Toutefois, tout n'est pas encore joué, et EADS pourrait encore avoir son mot à dire, d'autant qu'il bénéficie du soutien de l'Elysée. Ainsi, EADS peut encore jouer un rôle de consolidateur, sa position dans le dossier Thales n'étant pas encore définie. Le scénario qui semble se dessiner est un apport de ses actifs satellites; néanmoins, le marché attendait plus un rachat total de Thales plutôt qu'un transfert d'actifs et une prise de participation partielle. Les investisseurs ont d'ailleurs sanctionné le titre en voyant EADS mis à l'écart dans le rapprochement Thales-Alcatel.

Pourquoi un rapprochement avec Thales serait-il bien perçu?

Une telle opération permettrait à EADS de "lisser" la cyclicité de l'aéronautique civile, avec une plus grande présence dans la défense. D'autant que le groupe pourrait racheter les 20% d'Airbus qu'il ne détient pas auprès de BAE Systems. Reste qu'en Bourse, ces éléments sont déjà bien intégrés dans les cours. Pour notre part, en termes d'investissement, nous pensons que le titre est déjà bien valorisé et trop exposé au secteur de l'aviation civile (via Airbus), donc sensible à l'évolution du trafic aérien international, corrélé lui-même à l'évolution du pétrole (carburant).

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