Airbus : Thomas Enders reconnaît avoir sous-estimé Boeing

Le co-président exécutif du constructeur aéronautique EADS a reconnu que le groupe avait sous-estimé Boeing et son nouvel appareil 787 "Dreamliner". Sa priorité reste toujours le règlement des problèmes de la filiale Airbus

Thomas Enders, co-président exécutif du groupe européen d'aéronautique et de défense EADS, a réaffirmé mardi soir sa foi dans l'avionneur Airbus, filiale du groupe, et indiqué que celle-ci travaillait "intensément" au modèle A350. Le nouvel Airbus A350, un appareil de taille moyenne dont la conception est en train d'être revue face au succès du 787 de Boeing, devra être un avion de très haute qualité, a déclaré Enders aux journalistes lors d'un point de presse donné mardi soir et sous embargo jusqu'à mercredi. Selon lui, l'A350 modifié sera meilleur que le modèle concurrent de Boeing, le 787, qui a pour le moment la faveur des clients.

Il a toutefois estimé qu'Airbus n'était pas pressé et que le calendrier pour une décision sur l'A350 n'était pas lié au salon aéronautique de Farnborough qui s'ouvre la semaine prochaine et qui est traditionnellement l'occasion d'annonces importantes pour le secteur aéronautique. L'ancien co-président d'EADS, Noël Forgeard - remplacé début juillet par Louis Gallois, ex-président de la SNCF - avait indiqué au salon aéronautique de Berlin en mai que les décisions sur l'A350 seraient prises pour Farnborough.

"Airbus continue à avoir beaucoup de succès", a déclaré Thomas Enders au club des journalistes de Stuttgart. Mais il a également reconnu qu'Airbus avait sous-estimé son concurrent américain Boeing, actuellement premier en termes de commandes. "Mais cela peut changer", a-t-il affirmé.

L'annonce par Airbus de retards de livraisons sur son modèle géant A380 a plongé le mois dernier la société et sa maison mère dans une crise sans précédent, qui s'est soldée par des remaniements à la tête des deux entités. Thomas Enders est resté en place et dirige maintenant le groupe aux côtés du Français Louis Gallois. La structure de direction bicéphale, très contestée à l'occasion de la crise car jugée par certains inefficace, a finalement été préservée.

Un tel modèle "n'est pas idéal", a estimé Thomas Enders, avant se déclarer convaincu de pouvoir réaliser un "très bon travail en commun" avec Louis Gallois, selon des propos rapportés par un porte-parole d'EADS. "J'aurais préféré qu'il y ait un président exécutif et un président du conseil", a-t-il déclaré, ajoutant que la structure bicéphale est difficile car il faut que le courant passe entre les deux présidents. Thomas Enders a souligné, par exemple, les bonnes relations qu'entretenaient les précédents co-présidents exécutifs Rainer Hertrich et Philippe Camus, qui ont fait du groupe un concurrent de taille face à l'ancien monopole Boeing Co. L'Allemand a déjà par le passé fait état de ses réserves sur le management à deux têtes d'EADS.

Concernant l'A380, Enders a précisé qu'il n'y avait pas eu d'annulation de commandes pour ce très gros porteur après les retards de livraison annoncés en juin et qui ont coûté sa place à Noël Forgeard. Un audit est actuellement en cours qui permettra de donner une estimation indépendante pour le calendrier de livraison de l'A380, a-t-il ajouté.

Enfin, interrogé sur une montée au capital d'EADS de l'actionnaire espagnol, il a indiqué "ne pas être au courant", selon le porte-parole d'EADS. Un porte-parole du ministère espagnol de l'Industrie avait indiqué début juillet que la holding publique Sepi, qui détient actuellement 5,5% d'EADS, souhaitait faire grimper sa participation à 10%.

En fin de journée, le titre EADS gagne 0,99% à 21,46 euros à la Bourse de Paris.

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