EADS prêt à réduire de 10% les effectifs de ses sièges sociaux

Le groupe d'aéronautique et de défense pourrait sabrer dans les effectifs de ses bureaux de Paris et de Munich. Durement affecté par la crise de son programme de très gros porteur A380, il envisage aussi de lever des fonds sur le marché en 2007 sous forme d'obligations hybrides.

Jour après jours, les mauvaises nouvelles continuent à filtrer, en provenance d'Airbus et de sa maison-mère EADS. Jeudi, c'était la drastique révision en baisse des perspectives de rentabilité du programme de très gros porteur A380, dont les retards plombent le groupe (voir ci-contre). Aujourd'hui, ce sont entre autres quelques précisions sur l'ampleur des réductions d'effectifs nécessaires et sur les besoins de financement que pourrait éprouver EADS.

Depuis que la crise a éclaté à la tête du groupe européen d'aéronautique et de défense, il est avéré qu'un sérieux programme de restructuration d'Airbus va être élaboré. Le plan de réduction des coûts ne sera mis au point que dans les premiers mois de l'année prochaine. Mais si les décisions les plus lourdes, comme la fermeture ou la cession de certaines usines, vont prendre un certain temps à être adoptées, des mesures relativement plus faciles à décider pourraient se préciser plus rapidement. Ainsi, aujourd'hui, le FT Deutschland affirme sur son site Internet qu'environ 66 emplois vont être supprimés dans les sièges sociaux d'EADS, en France et en Allemagne. Une information confirmée dans son principe par un porte-parole du groupe en Allemagne.

Selon le quotidien financier allemand, quelque 10% des effectifs des sièges de Paris et Munich pourraient disparaître l'année prochaine. En outre, les salaires des cadres dirigeants d'EADS, au nombre de plusieurs centaines, pourraient être gelés. Des initiatives d'autant plus plausibles que le groupe a déjà annoncé le non renouvellement des contrats d'un millier d'intérimaires en Allemagne.

Outre les dégâts sociaux, la crise d'Airbus se fait sentir aussi, bien entendu, au niveau financier. Jeudi, EADS a fait état d'un manque à gagner de 6,3 milliards d'euros sur la période 2006-2010 résultant des retards de l'A380. Aujourd'hui, le directeur financier du groupe Hans-Peter Ring précise que cette situation pourrait amener le groupe à faire appel aux marchés de capitaux dès l'année prochaine. Certes, pour le moment, le pire n'est pas envisagé: il n'est pas question d'augmentation de capital. EADS n'a "ni le besoin ni l'intention à court terme" de procéder à une telle opération, a affirmé le directeur financier, qui s'exprimait lors d'une intervention devant des investisseurs à Hambourg.

En revanche, le groupe pourrait choisir d'émettre l'année prochaine des "obligations hybrides ou instruments équivalents". Ce qui serait une première depuis "l'émission réussie d'un emprunt en 2003". Hans-Peter Ring a toutefois tenu à souligner que la situation financière du groupe est solide "en termes de liquidités", même si les retards de l'A380 vont occasionner de gros besoins de cash.

Dans ce contexte plutôt pesant, le patron du constructeur automobile allemand DaimlerChrysler, Dieter Zetsche, a apporté aujourd'hui sa contribution au débat sur la recomposition du capital d'EADS et sur son actionnariat allemand. Actuellement propriétaire de 30% d'EADS, DaimlerChrysler a lancé un processus de désengagement pour ramener sa part à 22,5%, et il souhaite céder ensuite 7,5% supplémentaires. S'exprimant ce matin dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, le patron du constructeur automobile a pris position contre une entrée du gouvernement allemand dans le capital du groupe aéronautique à cette occasion. "Fondamentalement, une augmentation de l'influence de l'Etat n'est pas souhaitable pour la société", a-t-il ainsi affirmé.

Resté relativement stable durant la journée, le titre EADS perd à la clôture 0,33% à 21,08 euros.

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