Quand DaimlerChrysler a nommé Tom Enders pour succéder à Rainer Hertrich à la présidence opérationnelle d'EADS à l'automne 2004, nombreux sont ceux qui ne lui donnaient aucune chance face à un Noël Forgeard autoritaire et sûr de lui, qui faisait savoir haut et fort, avant même d'être officiellement en fonction, que le véritable chef c'était bien lui.
Dix-huit mois plus tard, le major de l'armée allemande, âgé de 47 ans, sort clairement renforcé de la crise qui vient de secouer profondément le groupe européen. Non seulement, il est confirmé à son poste, mais il obtient surtout le contrôle d'Airbus, la principale division du groupe, après avoir été en charge opérationnellement, et depuis un an en tant que CEO, de la partie militaire.
Certes, les clés d'Airbus ont été confiées à un Français, Christian Streiff, alors que les Allemands, au grand dam de Noël Forgeard, s'en étaient appropriés la présidence l'an dernier. Mais le choix d'une personnalité extérieure au marché, française mais qui a longtemps travaillé en Allemagne et connaît parfaitement les deux cultures, qui est présente en plus au conseil de surveillance de deux groupes du DAX, et qui a fait ses preuves en matière de restructuration industrielle, a fait sauter toutes les réserves.
Un coup bien joué d'Arnaud Lagardère et de Manfred Bischoff, les deux président du conseil d'administration qui n'ont jamais cessé de dire que l'important était moins le passeport d'un dirigeant que ses qualités. Une victoire surtout pour DaimlerChrysler qui n'a jamais apprécié Noël Forgeard, ni les interventions politiques nombreuses des dernières semaines.
Avec Louis Gallois, connu pour sa réserve, aux côtés de Tom Enders, et Christian Streiff imperméable aux arcanes politiques ou aux luttes de pouvoir internes, à la tête d'Airbus, l'actionnaire allemand a atteint une grande partie des objectifs qu'il s'était fixés. Reste, maintenant que le calme est retrouvé, à s'occuper du problème principal, Airbus, dont les décisions des dernières années fortement marquées par un Forgeard tout puissant n'ont pas toujours plu en Allemagne.
Mais ce dernier se gardait bien de partager ses projets ou ses choix. Même s'il en avait quitté la direction opérationnelle, il continuait d'user de son influence en tant que président du comité des actionnaires, allant même jusqu'à brûler la politesse au patron d'Airbus en exercice, Gustav Humbert, par des annonces impromptues. Un fonctionnement que les Allemands ne voulaient plus tolérer.
Dès ce lundi, Thomas Enders s'est d'ailleurs rendu de Munich à Toulouse en compagnie de Christian Streiff. Ce début main dans la main doit effacer l'impression donnée depuis deux ans de fortes tensions entre Français et Allemands. Un chapitre que l'on espère clos outre-Rhin. Avec Louis Gallois, également, il s'est précipité pour publier un communiqué commun. Des signes qui doivent convaincre qu'après deux années de flottement, le groupe d'aéronautique et d'armement européen voulu par les gouvernements des deux pays doit redevenir le flambeau de la coopération franco-allemande.
Tom Enders, grand gagnant de la crise d'EADS
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