"Monsieur Plus"

"Peut mieux faire!" Analystes et investisseurs ont de bien grandes attentes à l'égard des meilleurs éléments de la cote en cette rentrée et les mentions "à peine passable" pleuvent sur les copies pour cette saison de résultats pourtant des plus fructueuses. Il ne suffit plus de produire la fameuse "croissance à deux chiffres" des bénéfices très "loréalienne" pour s'attirer les bonnes grâces de ces messieurs des marchés qui en réclament toujours plus. Une dynamique des ventes au-dessus de la moyenne, une amélioration de la rentabilité, un effet multiplicateur des rachats d'actions, et même un relèvement des prévisions ne garantissent aucunement de récolter des lauriers plutôt qu'une volée de bois vert. Pernod Ricard a ainsi trinqué jeudi dernier: ses résultats annuels, supérieurs aux prévisions revues à la hausse il y a deux mois, lui ont fait boire la tasse de 4,7%. LVMH avait connu les mêmes déboires, tout comme Clarins et L'Oréal, l'italien Bulgari aussi, et combien d'autres encore. "Ce n'est pas le bien qui réjouit l'homme, mais le mieux", pourrait-on emprunter à Hippolyte Taine. De bons résultats sont le moins que l'on puisse attendre de ces icônes qui se doivent d'aller "mieux que bien". Le marché reste sur sa faim d'ogre insatiable et implacable. "Encore un peu plus, monsieur le PDG!" Combien de notes d'analystes déploraient, ces dernières semaines "juste d'excellents chiffres, pas de bonnes surprises"? Les espoirs déçus de publications époustouflantes sont alors sanctionnés à la hauteur du désenchantement. Il faut toutefois savoir relativiser ces baisses, parfois simples mouvements d'humeur dont les traces sont effacées en quelques jours, ou de banales "corrections", au sens boursier et non punitif du terme: si le cours intégrait des profits encore plus mirifiques que ceux réellement générés, il est logique que le prix s'ajuste au moment de la publication. Raviver l'enthousiasme ainsi émoussé peut s'avérer, hélas, une véritable gageure. Tout comme l'art d'encadrer les prévisions des analystes, plus souvent prompts à largement outrepasser les indications des dirigeants, toujours "trop prudentes", qu'à les suivre à la lettre. Quand le patron de Bulgari, par exemple, déclare qu'il espère augmenter ses bénéfices de 8 à 9%, les experts attendent déjà une progression de 13%: naturellement, lorsque le joaillier italien embellit ses prévisions à 10%, la communauté financière peste. A qui la faute? Aux patrons trop conservateurs ou aux analystes trop ambitieux? "Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel", prévient un vieux proverbe boursier, qui pourrait bien s'appliquer tant aux cours qu'aux bénéfices, réalisés ou rêvés...
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