Un Mercosur redynamisé se réunit à Cordoba

Le trentième sommet du Mercosur s'est ouvert jeudi 17 juillet à Córdoba, dans le centre de l'Argentine, sur des expectatives sans commune mesure avec l'ordre du jour officiel de la réunion. L'arrivée attendue du leader cubain Fidel Castro, invité pour parapher solennellement un accord entre son pays et l'ensemble économique sud-américain, n'était pas étrangère à cette effervescence. Mais l'essentiel est ailleurs : avec un nouveau membre de plein droit et un nombre record de membres associés, le Mercosur semble bénéficier d'un regain d'intérêt. Le nouvel adhérent est le Venezuela, représenté par un autre personnage controversé, le président Hugo Chávez : avec ce premier élargissement (formalisé le 2 juillet à Caracas) depuis sa création par l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay en 1991, le Mercosur rassemble désormais plus de 75% du PIB de l'Amérique du Sud. Quant aux pays associés, ils sont cinq (Bolivie, Chili, Colombie, Equateur et Pérou), également représentés à Córdoba par leurs dirigeants, témoignant de la force d'attraction d'un Mercosur qui paraît avoir vocation à s'étendre à toute la région. Sous cet angle, on pourrait même parler de résurrection, après des mois de pessimisme, sinon de crise. Disputes commerciales argentino-brésiliennes, menaces de retrait du Paraguay et de l'Uruguay, fatigués de ne pas être pris en compte par Buenos Aires et Brasilia, confusion créée par l'octroi d'un statut spécial mal défini au Venezuela au sommet de Montevideo (décembre 2005) : le Mercosur semblait en déliquescence. Un rapprochement entre l'Argentine et le Brésil, sensible lors des dernières rencontres entre les présidents Néstor Kirchner et Luis Inacio Lula da Silva, ainsi qu'un effort d'encadrement de l'adhésion vénézuélienne, aujourd'hui soumise aux disciplines communautaires (même si Chávez a obtenu des délais dérogatoires), ont permis de redresser la barre. Reste à donner un contenu à cette dynamique nouvelle. C'est tout l'enjeu du sommet de Córdoba. Une des questions fondamentales à cet égard est l'énergie. Pour être crédible, le Mercosur à 5 + 5 devrait chercher à harmoniser les intérêts des grands pays exportateurs (Venezuela, Bolivie, Equateur notamment) avec ceux des grands consommateurs également producteurs (Brésil et Argentine) et ceux des consommateurs non producteurs (Chili par exemple). C'est loin d'être le cas jusqu'ici : Chávez s'acroche à son projet de gazoduc sud-américain dont la rentabilité est mise en doute par nombre d'experts, le Bolivien Evo Morales a surpris Brasilia en nationalisant sans crier gare les actifs de Petrobras, les Argentins modifient prix et volumes du gaz livré au Chili en fonction de la conjoncture, etc. Autre test, les avancées en matière d'intégration économique soumis à la signature des chefs d'Etat ce vendredi, en particulier en ce qui concerne l'ouverture des marchés publics aux autres pays membres et la libéralisation des échanges de services intracommunautaires. Il s'agit de deux mesures très attendues par les entreprises implantées dans le Mercosur, qu'elles soient d'origine locale ou extérieures à la région.
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