Profits record pour Gaz de France

Cela ressemblerait presque à un concours: alors que Suez a impressionné la semaine dernière en publiant une progression de 39,5% de son bénéfice net au premier semestre de l'année, Gaz de France, son partenaire promis à une fusion prochaine, fait encore mieux aujourd'hui. Le groupe gazier a en effet annoncé ce matin un bond de 44% de son bénéfice net du premier semestre. Et l'ensemble des résultats de GDF dépassent nettement les attentes des analystes.Les six premiers mois de 2006 auront été un grand cru pour GDF. Selon les chiffres publiés ce matin, le bénéfice net part du groupe s'est établi à 1,707 milliard d'euros, contre 1,189 milliard un an plus tôt, soit une hausse de 44%. Une performance très supérieure aux attentes des spécialistes qui, selon l'agence Reuters, tablaient sur un bénéfice net de 1,290 milliard.Même tendance au niveau opérationnel. Le résultat opérationnel de Gaz de France s'est élevé à 2,560 milliards contre 1,907 milliard, soit une hausse de 34%. Quant à l'excédent brut opérationnel (EBO), il s'établit à 3,274 milliards, en hausse de 30% sur un an. Là encore, ces chiffres sont très supérieurs aux prévisions, qui portaient en moyenne sur 1,940 milliard pour le résultat opérationnel et 2,75 milliards pour l'excédent brut opérationnel.L'ensemble des activités du groupe ont contribué aux performances du semestre, mais inégalement. Certains métiers ont fortement bénéficié de l'envolée des prix de l'énergie. C'est le cas de la branche Exploration-production, dont l'excédent brut opérationnel a progressé de 91%.La branche Achat-vente d'énergie s'est elle aussi bien comportée, avec un EBO bondissant de 46%. Selon GDF, le plafonnement à 5,8% des prix du gaz en France a pesé sur cette activité, car il n'a pas permis de répercuter le renchérissement des coûts d'achat du gaz. A l'inverse, cette activité a profité d'opérations d'arbitrage et de l'accroissement des volumes de gaz traités.Les activités en France affichent pour leur part des performances beaucoup moins brillantes, avec un EBO en hausse de 2,1% pour Transport-Stockage France et de 2,4% pour Distribution France.GDF souligne l'importance du développement de ses activités à l'international, qui représentent désormais 40% de son chiffre d'affaires, avec notamment Distrigaz Sud en Roumanie et SPE en Belgique. Tout à la satisfaction des résultats publiés, GDF en profite pour relever ses perspectives. "La qualité de ces résultats nous conduit à revoir significativement à la hausse les perspectives de l'année 2006 et de croissance à moyen terme sur la période 2005-2008", explique ainsi le PDG Jean-François Cirelli. Le groupe veut désormais obtenir pour l'ensemble de 2006 une croissance de plus de 20% de son EBO au-delà de 5 milliards d'euros (contre 12% auparavant). Quant au bénéfice net part du groupe, il devrait dépasser les 2,2 milliards d'euros, alors que l'objectif était jusqu'ici de 2 milliards. Sur la période 2005-2008, enfin, GDF attend une croissance de 10% par an en moyenne de son EBO contre une prévision initiale comprise entre 4 et 7%. Pour la suite, le groupe gazier réaffirme sa conviction que le rapprochement avec Suez permettra "d'accélérer" le rythme de croissance. Mais pour Jean-François Cirelli, en tout cas, les performances affichées par son groupe justifient une fois de plus le choix des parités retenues pour la fusion avec Suez. Alors que nombre d'analystes estiment que ces parités avantagent les actionnaires de GDF, le patron de ce dernier groupe considère que la prospérité de Gaz de France justifie amplement les parités retenues. "Nos parités étaient équitables quand elles ont été définies. Elles le seront au mois de décembre" quand la fusion doit se concrétiser, a donc lancé ce matin Jean-François Cirelli.Reste que le processus de fusion avance péniblement. Le débat à l'Assemblée nationale sur la privatisation de GDF, préalable au rapprochement avec Suez, est, comme prévu, mal engagé. Durant la journée d'hier, les députés ont examiné - et rejeté - 160 amendements sur le total des plus de 137.000 déposés par l'opposition, le tout dans un contexte de batailles procédurières continues.Autre source d'opposition au projet: les syndicats de Gaz de France, qui ont aujourd'hui manifesté leur hostilité à la privatisation dans la rue. Les syndicats - CGT, FO, CFTC, CFE-CGC et Unsa de l'Energie - ont organisé ainsi arrêts de travail et manifestations dans l'ensemble du pays. Des manifestations qui ont réuni quelques milliers de participants à Paris et quelques centaines dans plusieurs villes de province. Il s'agit pour eux d'amplifier le mouvement de rejet manifesté en interne contre le projet de privatisation de GDF, qui s'est manifesté la semaine dernière par un vote à 94% en ce sens lors d'un référendum organisé auprès du personnel.Reste que dans l'ensemble de la population, l'attitude semble très différente. Selon un sondage réalisé par BVA, 55% des Français seraient favorables à la privatisation ou à l'ouverture du capital de Gaz de France. Même si 60% sont hostiles à un passage en force du gouvernement.A la Bourse de Paris, l'action GDF s'apprécie de 3,33% à 29,83 euros en fin de séance.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.