En commandant de nouveaux A380, l'australien Qantas redonne espoir à Airbus

La compagnie aérienne australienne Qantas achète huit A380 de plus, ce qui monte sa commande globale à 20 A380. Airbus venait déjà d'emporter deux grosses commandes en Chine et aux Etats-Unis. A l'inverse, la compagnie de Dubaï, Emirates, annule l'achat de dix A340.

Airbus est en pleine montagne russe. La grande filiale d'EADS vit en ce moment une alternance de bonnes et de mauvaise nouvelles. Dimanche, c'est une bonne qui est venue égayer la journée de l'avionneur européen, basé à Toulouse. La compagnie aérienne australienne Qantas a en effet annoncé avoir commandé huit exemplaires supplémentaires (elle en a déjà commandé douze) du très gros porteur Airbus A380, un avion qui accumule les retards ce qui finit par coûter cher à Airbus et à EADS. Du coup, le nombre total de commandes fermes de l'A380 passe de 159 à 167.

Les explications du PDG de Qantas, Geoff Dixon, ont de quoi mettre du baume au coeur d'Airbus. "Notre décision d'accroître notre commande a été prise après un examen exhaustif des problèmes d'Airbus" a-t-il expliqué dans un communiqué. "Nous sommes convaincus que ces problèmes sont liés à des problèmes de production, qui pourront être réglés, et non à des problèmes techniques de l'A380", a ajouté le président de Qantas. "L'A380 jouit d'une technologie de pointe et tout ce que nous avons pu observer nous renforce dans l'idée que c'est le meilleur avion pour Qantas", a ajouté Geoff Dixon.

Qantas prendra livraison de ses 20 unités entre août 2008 et 2015. "Nous avons négocié une commande globale intéressante pour l'acquisition de huit A380 supplémentaires" a ajouté le patron de la compagnie aérienne australienne. De fait, compte tenu des soucis actuels d'Airbus, ce dernier a sans doute offert des conditions financières attractives à Qantas.

De fait, cette commande globale "inclut quatre A330-200 qui permettont à Qantas de pallier les problèmes de capacités liés aux inquiétudes sur les retards de l'A380" précise Geoff Dixon. En outre, le contrat signé avec Airbus contient une clause de protection pour la compagnie en cas de nouveau retard de A380, qui vaut environ 290 millions de dollars au prix catalogue.

Le groupe européen d'aéronautique et de défense EADS a annoncé le 19 octobre que les retards de l'A380 allaient se solder par un manque à gagner de 6,3 milliards d'euros sur la trésorerie du groupe entre 2006 et 2010. Le programme du gros porteur sera rentabilisé à partir de 420 appareils vendus, contre 270 estimés auparavant.

L'A380 sera le plus gros avion de ligne de l'histoire de l'aviation lors de sa mise en service commerciale, repoussée maintenant à fin 2007. La première version de l'appareil pourra transporter 555 passagers en aménagement standard (trois classes) et jusqu'à 840 en charter.

Airbus avait déjà pu se rassurer en empochant coup sur coup jeudi deux énormes commandes, 150 A320 pour la Chine assortis d'une option sur 20 A350, et 65 A319 pour la nouvelle compagnie américaine lowcost Skybus (voir ci-contre).

Mais au régime de la douche écossaise, Airbus a du subir vendredi l'annonce par le président de la compagnie aérienne Emirates de Dubaï de l'annulation d'une commande de dix Airbus A340-600 assortie de dix options, passée en 2003 pour 4,2 milliards de dollars, avec de premières livraisons prévues en 2007. Emirates avait déjà déclaré en avril qu'elle voulait retarder cette commande afin d'attendre une version moins gourmande en kérosène. Apparemment, Airbus n'a pas répondu son attente. Un porte-parole de la compagnie a toutefois précisé que "la commande avait déjà été reprise par quelqu'un d'autre".

Emirates estime que l'appareil qui lui est proposé "est bien plus lourd" que ce qui était initialement prévu, et que "d'autres appareils sont arrivés sur le marché, beaucoup plus économes (en kérosène) et donc plus avantageux". La compagnie aérienne de Dubaï compte remplacer cette commande par exemple par des Boeing 777.

En revanche, pour Emirates, il n'est pas question pour l'instant d'annuler tout ou partie de son énorme commande de 43 exemplaires du très gros porteur A380, malgré les retards de deux ans en moyenne de ce dernier. De même, la compagnie assure qu'il n'y a actuellement "aucune discussion" avec Airbus sur d'éventuels dédommagements en raison de ces retards. Toutefois, le président du transporteur confirme l'envoi d'une équipe d'ingénieurs d'Emirates chez Airbus à Toulouse et Hambourg pour se rendre compte de l'état d'avancement de la construction de l'avion, et estime même qu'"il faudrait être fou" pour exclure la possibilités de nouveaux retards.

Les premières conséquences sociales commencent d'ailleurs à se faire jour, suite à ces problèmes chez Airbus. Spécialiste du câblage, l'équipementier aéronautique français Labinal (3.200 salariés dont 1.600 en France), filiale du groupe Safran, risque ainsi de subir la "suppression de 140 postes d'intérimaires d'ici la fin 2006" selon la CFDT qui craint davantage de suppressions de postes. La CFDT craint pour les sites de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne, 500 salariés) et surtout de Vichy (Allier, 200 salariés), également "en attente de charges militaires". L'annonce, lors de la visite de Jacques Chirac en Chine - c'est dans ce cadre qu'a été dévoilée l'énorme commande d'Airbus par la Chine - de l'implantation d'une chaîne d'assemblage d'Airbus A320 à Tianjin, près de Pékin, n'est pas faite pour rassurer les syndicats qui craignent de futures délocalisations.

Vendredi, le titre EADS a fini en baisse de 1,42 % à 21,54 euros.


Solution en vue pour les 7,5% d'EADS que DaimlerChrysler veut vendre
Selon l'hebdomadaire Wirtschaftswoche, c'est un consortium d'investisseurs privés qui devrait reprendre les 7,5% du capital d'EADS que DaimlerChrysler veut céder, via un emprunt convertible, pour descendre à 15%. Des banques régionales et la banque publique KfW y participeraient. Un temps avait été étudiée la solution d'une reprise total par KfW, une incursion des intérêts publiques allemands qu'avaient mal accueillie les dirigeants de DaimlerChrysler. Un porte-parole du gouevrnement a indiqué vendredi que les discussions sur ce dossier n'étaitn pas terminées, rappelant que la priorité pour Berlin est le maintien de l'équilibre franco-allemand dans EADS dont l'Etat français détient 15% alors que son associé le groupe Lagardère va passer de 15% à 7,5%.

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