Le nouveau pilote de Ford cherche à éviter la sortie de route

Il aurait pu s'appeler Carlos Ghosn. Mais le patron de Renault Nissan n'a pas répondu aux sirènes de Detroit. Et s'il a flirté avec les Américains, c'est plutôt avec General Motors, avant de déclarer forfait face aux réticences de GM. Mais il y a cru, sachant qu'il aurait alors les mains libres. Cela aurait été tout sauf le cas chez Ford où la famille éponyme contrôle le groupe d'une main de fer. Cela n'a pas empêché le dernier héritier Bill Ford d'échouer et de devoir lâcher la direction opérationnelle pour se contenter de la présidence du conseil d'administration.Faute de Carlos Ghosn, Ford est allé chercher son sauveur potentiel chez Boeing. Le 6 septembre dernier a en effet été annoncé le spectaculaire transfert de l'ex-patron des avions civils du rival d'Airbus. Son nom: Alan Mulally, un ingénieur qui vient de passer le cap de la soixantaine et qui, faute de pouvoir marcher sur la lune comme il en rêvait enfant, a choisi d'aider ses semblables à s'envoler dans les nuages.Le titre de gloire d'Alan Mulally s'appelle "dreamliner", l'avion de ligne de rêve, autrement dit le futur Boeing 787, un appareil long courrier moyen porteur (de quelque 250 passagers) censé être super-économique grâce à l'emploi accru de matériaux légers et performants. Idéal à l'heure du pétrole cher. Airbus, qui se reposait sur ses lauriers en préparant la sortie de son énorme A380, a été pris de vitesse, une première depuis vingt ans. Ce n'est pas la moindre performance d'Alan Mulally.Mais l'homme qui a activement participé au redressement des avions civils de Boeing ces dernières années va-t-il réussir dans l'industrie automobile, si différente puisque le client final n'est pas un grand acheteur comme l'est une compagnie aérienne mais un particulier par définition versatile? Ainsi, en quelques mois, le consommateur américain, si fan de gros 4x4 américains (qu'il appelle "light trucks") voraces en essence s'en est détourné progressivement, alarmé par l'envolée des prix à la pompe.La grande force du nouveau patron de Ford, c'est de savoir "dégraisser". Sous son règne, la branche avions civils de Boeing a perdu plusieurs dizaines de milliers de postes. Une habitude pour l'avionneur américain qui fait depuis un demi-siècle du yo-yo avec l'emploi au rythme de ses crises et de ses rebonds. Au point qu'un de ces jours noirs où Boeing licenciait en masse, quelqu'un avait écrit à la sortie de la ville fétiche de l'avionneur, Seattle, à l'extrême nord-ouest des Etats-Unis (aujourd'hui, le siège social a déménagé à Chicago): "que le dernier qui s'en va éteigne la lumière". Le savoir-faire d'Alan Mulally en la matière va se révéler crucial à l'heure où Ford a ouvert un généreux guichet de départ à ses 75.000 salariés nord-américains payés à l'heure dans ses usines.
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