"Le dernier communiqué de la BCE est très clair quant à une hausse des taux dans deux mois"

Latribune.fr.- Pensez-vous que la Banque centrale européenne pourrait à nouveau relever ses taux directeurs dès le mois de février?Jacques Cailloux.- Le communiqué publié à l'issue de la dernière réunion du Conseil des Gouverneurs jeudi dernier est à cet égard très clair. La phrase clé, selon laquelle "le Conseil des gouverneurs continuera de suivre très attentivement l'ensemble des évolutions afin de garantir la stabilité des prix à moyen terme" est présente dans le premier paragraphe. Or, depuis que la BCE a commencé son processus de normalisation l'an dernier, l'apparition de cette phrase a toujours été suivie d'une hausse de taux deux mois plus tard. Un élément aura néanmoins pu troubler les observateurs. Au cours de la séance de questions-réponses, il a été demandé à Jean-Claude Trichet s'il fallait anticiper une hausse des taux en février, compte tenu de la présence de cette phrase-clé et le président de la BCE a déclaré qu'elle ne devait pas être interprétée de cette façon. Toute la question est donc de savoir quel poids accorder aux termes du communiqués par rapport à la réponse du président. A mon avis, il est d'autant plus approprié de se fier au communiqué qu'en fait, Jean-Claude Trichet pouvait difficilement délivrer une autre réponse, la BCE se refusant à annoncer explicitement ses décisions à l'avance. Jusqu'où la BCE pourrait-elle aller?Si on regarde les prévisions publiées la semaine dernière, la BCE attend une croissance nettement au-dessus de son potentiel en 2007 et en 2008. C'est une indication très forte qu'elle n'a pas achevé son processus de remontée des taux, alors même que le taux d'intérêt actuel reste sous le niveau neutre. Et à mon avis, ce sont des prévisions compatibles avec un taux de 4% l'an prochain. Pour autant, mon anticipation est légèrement différente du scénario privilégié par la BCE: il me semble que la BCE pourrait avoir quelques mauvaises surprises du côté de la croissance en début d'année prochaine, ce qui la forcerait à s'arrêter à 3,75% en février. Pourquoi la BCE ne se préoccupe-t-elle pas de la hausse de l'euro par rapport au dollar, puisque, compte-tenu des différentiels de taux Etats-Unis/Europe, tout plaide en faveur d'un renforcement de l'euro?C'est en effet une des raisons pour lesquelles je n'attendais pas une communication aussi forte jeudi dernier et j'anticipais une pause pendant le premier trimestre. Mais si la BCE n'a pas adopté cette approche-là, c'est probablement parce que son analyse économique indique que les Etats Unis ne sont pas en train de ralentir autant que le marché ne l'anticipe. Autrement dit, la BCE ne pense probablement pas que la Réserve fédérale américaine sera amenée à baisser ses taux aussi radicalement que le prévoit le marché. Ce qui correspond également à l'opinion de Royal Bank of Scotland. De fait, si les Etats-Unis venaient à avoir une croissance plus forte qu'attendu, les pressions haussières sur l'euro seraient probablement atténuées. A l'inverse, un ralentissement marqué aux Etats-Unis pourrait faire repartir le couple euro/dollar de l'avant. Ce qui pourrait alors compromettre la hausse de taux de février. L'évolution de l'euro par rapport à l'ensemble des devises est-elle susceptible d'inquiéter la Banque centrale européenne? C'est cela, la dimension importante, et c'est peut-être aussi une des raisons pour lesquelles la BCE n'a pas voulu se positionner par rapport au mouvement euro/dollar. Au regard du taux de change effectif, nous avons peu d'indications d'appréciation: tout juste 2-3% sur les deux derniers mois, ce qui n'est pas suffisamment important pour peser sur la croissance à moyen terme. En fait, pour l'instant, le mouvement est baissier dollar et non pas haussier euro. C'est uniquement dans un contexte d'appréciation par rapport aux devises de l'ensemble des partenaires commerciaux qu'il pourrait y avoir un impact significatif sur la croissance et l'inflation de la zone euro.Reste la volatilité de la parité euro/dollar. Il est vrai que si l'euro venait à s'apprécier d'une manière brutale et soudaine, la BCE aurait certainement recours à un certain nombre d'interventions verbales pour calmer une appréciation abrupte. Prévisions pour la fin du premier trimestre 2007: Euro/Dollar: 1,32Taux Fed Funds: 5,25%Taux "refi" BCE: 3,75%
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