La Bourse de Tokyo envisage une alliance avec le New York Stock Exchange

L'interminable feuilleton des grandes manoeuvres entre les Bourses mondiales connaît aujourd'hui un rebondissement inattendu. On connaissait déjà les projets de rapprochement entre Bourses européennes (avec les velléités de rachat d'Euronext par la Deutsche Börse), entre Bourses américaine et européenne (avec le projet de fusion entre le New York Stock Exchange et Euronext), entre Bourses américaine et britannique (avec l'entrée du Nasdaq dans le capital du London Stock Exchange), voilà maintenant que la Bourse japonaise entre dans la danse...La Bourse de Tokyo a en effet annoncé ce matin qu'elle avait ouvert des négociations avec le New York Stock Exchange en vue d'étudier les modalités d'un rapprochement. Toutes sortes d'hypothèses sont apparemment passées en revue, sachant que le Tokyo Stock Exchange (TSE) précise que rien ne pourra se concrétiser avant qu'il ait lui même mené à bien sa modernisation et sa privatisation.Selon le communiqué publié par le TSE, "le Tokyo Stock Exchange et le New York Stock Exchange ont mené des discussions évoquant plusieurs possibilités, y compris une possible alliance opérationnelle". Les discussions entre ce qui constitue les deux plus importants marchés de la planète portent également, selon la presse japonaise, sur des prises de participation croisées. Selon certaines informations, le patron du NYSE, John Thain, aurait proposé au TSE des échanges de 10% de leur capital.Si cette dernière hypothèse se vérifiait, elle se traduirait en principe par la mise en place d'une alliance couvrant les plus grandes places boursières tout autour du globe. Le NYSE mène en effet un projet de fusion avec Euronext, une opération pour laquelle la bourse paneuropéenne (qui regroupe les places de Paris, Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne et les produits dérivés à Londres, le Liffe) indique ce vendredi qu'elle va nommer un expert indépendant afin qu'il analyse ce projet, comme l'exige la nouvelle réglementation boursière française. Une alliance NYSE-Euronext-TSE permettrait en tout cas de couvrir les grandes places financières vingt-quatre heures sur vingt-quatre, tout autour de la planète. De tels schémas d'alliance planétaire sont décidément à la mode. On pense notamment au projet de rapprochement entre Renault-Nissan et General Motors, qui aurait créé lui aussi un groupe de premier plan dans les trois principaux ensembles économiques du globe. Reste que cet éventuel rapprochement entre les trois Bourses mondiales s'annonce aussi difficile à réaliser que la méga-alliance automobile, aujourd'hui abandonnée. Et il ne pourra en tout état de cause intervenir tant que la Bourse de Tokyo n'aura pas résolu ses problèmes, ce qui ne sera pas une mince affaire. Le TSE mène en effet deux projets de front: la modernisation de son système informatique et sa privatisation.Le premier chantier est le plus urgent et conditionne d'ailleurs le deuxième. La Bourse japonaise souffre en effet d'un retard considérable dans ses équipements informatiques, qui se traduit régulièrement par des crises majeures. Ainsi, en novembre 2005, elle a été paralysée pendant l'essentiel d'une séance par une panne informatique majeure. Le mois suivant, une simple erreur dans la saisie d'un ordre par un opérateur a coûté 270 millions d'euros à la maison de courtage Mizuho Securities, qui a lancé une action en justice (voir encadré ci-dessous).Et en janvier dernier, le TSE a dû fermer ses portes une demi-heure plus tôt que la normale, étant incapable de faire face à un afflux d'ordres de petits actionnaires affolés par le scandale secouant le portail Internet Livedoor.Autant de très graves disfonctionnements qui ont conduit l'institution à mettre en place un grand programme de modernisation informatique. Tant que celui-ci n'aura pas été mené à bien, elle ne pourra pas passer au deuxième volet de sa réforme, sa privatisation. Selon le TSE, l'introduction en Bourse de l'organisme pourrait en l'état actuel des prévisions, intervenir en 2009.Ce n'est qu'à ce moment là que d'éventuelles participations croisées entre le TSE et le NYSE pourraient intervenir. Reste que, au rythme où vont les choses, le paysage des grandes places boursières de la planète aura vraisemblablement été profondément transformé d'ici là...Mizuho réclame 277 millions d'euros de dommages et intérêts à la Bourse de TokyoLa maison de courtage japonaise Mizuho Securities a annoncé vendredi qu'elle allait réclamer en justice 41,5 milliards de yens (277 millions d'euros) de dommages et intérêts à la Bourse de Tokyo pour l'affaire de la bourde informatique retentissante de décembre 2005. C'est la première fois qu'une maison de courtage nippone intente un procès à la Bourse de Tokyo pour un contentieux lié à une transaction boursière. Le 8 décembre 2005, un opérateur de Mizuho Securities s'était trompé lors de l'introduction en Bourse de la petite société JCom: il avait placé 610.000 titres à un yen, au lieu de vendre une action à 610.000 yens. Selon Mizuho Securities, le courtier a immédiatement passé un ordre d'annulation de cette transaction. Mais les ordinateurs de la Bourse de Tokyo ont refusé de prendre cette annulation en compte. Mizuho Securities a dû débourser plus de 40 milliards de yens pour couvrir ses positions après que des nuées de spéculateurs se furent ruées sur l'aubaine. (avec AFP)
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