Affaire Gautier-Sauvagnac : le financement syndical est une hypothèse sérieuse

Des perquisitions se sont déroulées ce mercredi au siège de l'UIMM et au domicile de son président, Denis Gautier-Sauvagnac. La brigade financière pense avoir affaire à un "financement occulte classique", selon des sources proches de l'enquête.

La majorité des fédérations syndicales de la métallurgie ont affirmé ne pas avoir touché d'argent liquide de la part de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM). Pourtant, l'enquête préliminaire actuellement menée par le parquet de Paris semble privilégier cette piste. Dans le cadre de cette enquête sur des retraits de fonds suspects qu'aurait effectués Denis Gautier-Sauvagnac, président de l'UIMM et membre influent du Medef, des perquisitions ont eu lieu ce mercredi tant au siège de l'UIMM qu'au domicile de l'interessé. Les faits qui pourraient lui être reprochés pourraient être constitutifs d'un abus de confiance.

Selon des sources proches de l'enquête citées par l'AFP, la brigade financière pense avoir affaire à un présumé "financement occulte classique", et ce "d'autant plus que le financement des syndicats n'est pas encadré comme celui des partis politiques par exemple". Un financement "à des fins personnelles" ne paraît "pas tenir la route" mais n'est pas pour autant écarté, estime les mêmes sources. Le plus probable est que l'enquête préliminaire débouche sur l'ouverture d'une information judiciaire avec désignation d'un juge. Si les soupçons policiers se confirment, Denis Gautier-Sauvagnac pourrait se voir infliger des "mesures coercitives", emprisonnement ou contrôle judiciaire.

"J'ai l'impression que l'heure du financement du monde syndical est arrivée", estime l'ancien secrétaire général d'une confédération syndicale. Et cela concerne également "le financement de la formation professionnelle". Comme d'autres sources syndicales et patronales interrogées par La Tribune, cet ancien syndicaliste, fin connaisseur de la branche de la métallurgie, pense que l'UIMM a utilisé l'argent liquide - 5,6 millions d'euros entre 200 et 2007 selon Tracfin, organisme anti-blanchiment qui dépend de Bercy - pour "acheter des signatures d'accords" et obtenir "des positions plus complaisantes d'organisations syndicales" dans les négocaitions, que ce soit au niveau de la branche ou au niveau interprofessionnel. Pour lui, ce financement occulte de fédérations syndicales n'a bien sûr pas transité par les comptes des organisations mais par des "coffre-forts" ou des associations de complaisance et "concerne tout le monde".

Comme d'autres, cette source n'exclut pas un financement politique, "vu le poids et les relations l'UIMM", que ce soit pour aider des petits partis à droite ou pour aider la campagne de réélection de parlementaires amis. Cette affaire pose selon lui un "problème de crédibilité" de l'exécutif de l'UIMM, composé de dirigeants de grandes entreprises de la métallurgie. Pour l'instant aucune d'entre elles n'a réagit publiquement aux déboires de Denis Gautier-Sauvagnac.

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