Sportifs de haut niveau, la voie royale pour entrer en politique

Selon des rumeurs insistantes, Maud Fontenoy pourrait intégrer le gouvernement comme secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse avant les municipales de 2008. Si cette information était avérée, la navigatrice de 28 ans accèderait en un battement de cil aux plus hautes sphères de l'Etat. A l'instar de l'ENA, les stades et les records sportifs apparaissent comme un ascenseur pour le pouvoir politique.

La présence aux côté de Nicolas Sarkozy lors de l'ouverture du mondial de Rugby de l'aventurière, qui a traversé l'Atlantique à la rame en 2003, alimente la rumeur. Le site Internet du Point avait annoncé, le 13 septembre, que Maud Fontenoy serait nommée secrétaire d'Etat au début de l'année prochaine, à l'occasion du prochain remaniement ministériel. Des rumeurs insistantes la voit en charge de la Jeunesse.

La filière de recrutement par excellence des ministres des sports

Comme pour beaucoup d'autres anciens champions, le cabinet actuellemement dirigé par Roselyne Bachelot pourrait embaucher la navigatrice. Le ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports s'apprête déjà à accueillir Bernard Laporte. L'ancien joueur de rugby et actuel entraîneur du XV de France devrait y occuper le poste de secrétaire d'Etat aux Sports à partir d'octobre prochain (et ce quels que soient les résultats des rugbymen tricolores au mondial, d'après l'Elysée).

Si Roselyne Bachelot n'a pas eu de carrière sportive officielle, beaucoup de ses prédécesseurs se sont d'abord illustrés dans les stades avant d'entrer en politique. Jean Borotra a ouvert la voie. Le tennisman au palmarès qui donne la nostalgie (vainqueur de Roland Garros et de six Coupes avec les trois autres "mousquetaires"...) était commissaire général à l'Education et aux Sports sous le régime de Vichy. Le "Basque bondissant" a aussi conseillé les gouvernements gaullistes pendant les années 1960.

D'autres champions ont ensuite pris le relais comme ministres des sports : l'alpiniste, vainqueur de l'Annapurna dans l'Himalaya, Maurice Herzog de 1963 à 1966, Alain Calmat, ancien champion du monde de patinage artistique, de 1984 à 1986, le sprinter Roger Bambuck de 1988 à 1991, le spécialiste du 110 mètres haies Guy Drut de 1995 à 1995, et le double champion olympique d'escrime Jean-François Lamour de 2002 à mai 2007.

L'image des champions comme outils de séduction pour les électeurs

Les grands sportifs investis en politique n'interviennent pas que dans les ministères. Les partis politiques s'empressent de s'assurer leurs soutiens. Leur objectif est de s'approprier leur potentiel communicatif. Pendant la campagne pour l'élection présidentielle en mai dernier, Nicolas Sarkozy a jugé nécessaire de s'attirer les faveurs de nombreux champions: Richard Virenque, Henri Leconte, Alain Prost entre autres ... Sa rivale Ségolène Royal, quant à elle, a acquis à sa cause Yannick Noah.

Pour Frédéric Bolotny, économiste au Centre du droit et de l'économie du sport de Limoges, "les sportifs sont devenus les acteurs des années 1950 et les mannequins des années 1980". Le chercheur estime que, depuis environ dix ans, le sport jouit d'une reconnaissance inédite en France.

Cette popularité récente a encouragé certains athlètes à se lancer en politique par la voie des urnes. Aux dernières législatives, par exemple, le judoka Djamel Bouras a ainsi porté les couleurs du Modem dans la circonscription de Seine-Saint-Denis.

Champions ou non, les valeurs incarnées par le sport inspirent les hommes politiques. Le lancement du mondial de l'ovalie a enflammé Laurent Wauquiez. "Le rugby est un sport de voyous pratiqués par des gentlemen; la politique est un sport de voyous pratiqué par des voyous", a récemment lancé le porte-parole du gouvernement

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.