Italcementi et sa filiale Ciments Français tirent profit de leur recentrage sur les pays émergents

Le groupe italien a engrangé un bénéfice record l'an dernier. Alors que, en Italie, la modernisation de ses installations est bloquée et pourrait le pénaliser financièrement, Italcementi compte pour son expansion sur les pays émergents.

Le groupe Italcementi, cinquième cimentier mondial et contrôlant depuis 1992 le numéro deux français du secteur, Ciments Français, a amélioré de 20,5% son bénéfice l'an dernier (à 651,4 millions d'euros) grâce notamment à "une évolution positive du marché de la construction dans la presque totalité des pays où il est présent". Ciments Français a dégagé à lui seul un résultat net part du groupe de 502,3 millions d'euros en 2006 et promet un dividende de 2,28 euros par action.

La croissance a été particulièrement forte dans les pays émergents où le groupe dispose désormais d'autant de capacités de production qu'en Europe et aux Etats-Unis. D'ici à 2010, les capacités de production en ciment du groupe doivent se concentrer à 60% dans les pays émergents.

Le conseiller délégué du groupe, Carlo Pesenti, a confirmé aujourd'hui lors d'une rencontre avec la presse la stratégie de diversification géographique du groupe vers trois zones émergentes: le bassin méditerranéen et le Moyen-Orient, l'Extrême -Orient et l'Inde.

Mais depuis les acquisitions en Egypte (Suez Cement 2005) et en Inde (Zuari Cement), les prix des cibles potentielles sur ces marchés ont beaucoup augmenté, signale le groupe.

Italcementi réfléchit à une implantation en Chine, soit par une société commune avec des Chinois, soit via une présence directe. Le groupe italien précise toutefois "qu'une entrée sur le marché chinois sera de longue haleine, c'est-à-dire qu'il s'agira de s'y maintenir en attendant la consolidation du secteur".

Il y a en effet actuellement une forte concurrence en Chine, notamment de la part de sociétés municipales et les marges y restent très limitées.

Le groupe a actuellement en projet la construction de deux cimenteries d'une capacité annuelle de production de 1,3 million de tonnes au Kazakhstan, pour profiter de la croissance de la consommation de ciment dans ce pays, estimée à 7,2% par an pour les dix prochaines années.

Pour 2007, Italcementi mise sur un certain ralentissement du secteur de la construction, comme c'est le cas aux Etats-Unis depuis la fin de l'année dernière. Les ventes de ciment en France, en Espagne ainsi que dans tous les pays émergents où le groupe est présent sont cependant estimées en hausse.

Sur son marché national, en Italie, où le groupe réalise 27% de son chiffre d'affaires, Italcementi s'alarme des difficultés administratives pour moderniser quatre de ses cimenteries (soit un quart de sa capacité de production), un investissement d'environ 1,2 milliard d'euros au total. "Il n'est pas facile de faire des investissements industriels en Italie" se plaint Carlo Pesenti à propos de l'incertitude et de la lenteur de l'octroi de permis de construire de la part des collectivités locales. De son propre aveu, Italcementi est confronté à un dilemme: ne pas pouvoir moderniser ses installations en Italie pour émettre moins de CO2, tout en devant justement payer plus cher dès l'an prochain ces droits d'émission liés au processus de Kyoto. Une rencontre avec le ministre italien de l'Environnement à ce propos n'a jusqu'ici pas abouti.

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