Dominique de Villepin ne se satisfait pas des indicateurs classiques de croissance

Le Premier ministre demande à l'Insee d'élaborer deux ou trois indicateurs qui soient aussi des indicateurs de progrès durable. La conférence sur la croissance a été l'occasion pour les services de Bercy de présenter les prévisions économiques de printemps.

La trilogie des conférences est bouclée. Après la conférence de décembre sur l'emploi et les revenus, celle de février sur les finances publiques, Dominique de Villepin a présidé ce mardi celle consacrée à la croissance. Oscillant entre bilan et testament, le Premier ministre a donné une feuille de route à ses successeurs, appelant autour de celle-ci à un "consensus large".

Soulignant l'écart structurel de croissance de l'ordre d'un point existant entre la France et des pays comme les Etats-Unis, la Suède ou le Royaume-Uni, Dominique de Villepin fixe comme objectif pour la France "une croissance de 3%, un taux de chômage de 6% et une dette publique ramenée à 55% du produit intérieur brut (PIB) d'ici 2012".

Pour atteindre ces objectifs, le Premier ministre souhaite que soient poursuivis et enracinés "dans le temps les grands choix économiques et sociaux" réalisés par son gouvernement. Insistant sur la nécessité de rompre avec les politiques malthusiennes - référence implicite à la réforme des 35 heures -, Dominique de Villepin a notamment insisté sur les efforts engagés en matière d'emploi avec le la hausse de la prime pour l'emploi, la création du CNE et la poursuite sur le chemin de la fusion entre l'Unedic et l'ANPE. Pour l'instant, les deux organismes ont fusionné leurs systèmes informatiques.

A côté de l'emploi, les autres leviers à actionner pour doper la croissance sont le développement des entreprises, avec notamment la remise en question des réglementations "qui peuvent parfois freiner l'arrivée des nouveaux entrants", et le renforcement de l'innovation.

Parmi les propositions concrètes formulées par le Premier ministre figure la demande faite à l'Insee de mettre à la disposition des Français "deux ou trois indicateurs" nouveaux de croissance pour mettre en évidence le "progrès durable". "Nous devons construire une croissance qui ait un sens plus large que la seule augmentation du PIB", a expliqué Dominique de Villepin.

Notant que les Français veulent une économie "dynamique" mais aussi "juste", "un environnement préservé, un système de santé de qualité, des services publics efficaces", il a appelé de ses voeux "de nouveaux outils de mesure plus en phase avec ces aspirations".

Cette conférence sur la croissance a également été l'occasion pour Bercy de présenter ses prévisions de printemps pour 2007 et 2008. Les services du ministère de l'Economie maintiennent inchangés leurs pronostics avec une croissance du PIB qui devrait être comprise pour ces deux années entre 2 et 2,5%.

Comme indiqué dans La Tribune lundi, le consensus des économistes table pour sa part sur une croissance tout juste à 2%. Dans le document fourni par Bercy figurent plusieurs aléas pouvant influer sur le scénario principal. Il s'agit par exemple d'un ralentissement plus important que prévu de la croissance américaine, qui pénaliserait l'activité en Europe et en France.

A l'inverse, une accélération plus rapide qu'anticipé de l'activité en Allemagne pourrait affecter positivement l'économie française. A ces deux aléas, il faut ajouter les traditionnels risques liés aux changes et au prix du pétrole.

Concernant l'emploi, les prévisions du printemps sont un peu moins optimistes que celles délivrées à l'automne. Alors qu'en septembre le gouvernement tablait pour 2007 sur 240.000 créations nettes d'emplois, il ne parie plus désormais que sur 230.000, dont 190.000 dans le secteur salarié marchand. Les créations d'emplois dans le privé devant être soutenues par l'extension des allégements de cotisations sociales dans les entreprises de moins de 20 salariés.

Enfin, au chapitre des finances publiques, le déficit, après avoir été ramené à 2,6% du PIB en 2006, devrait encore être réduit pour tomber à 2,4% en 2007 et 1,7% en 2008. Le rythme annoncé aujourd'hui est supérieur à celui prévu dans le pacte de stabilité fourni au début de l'année dernière.

A l'inverse, les attentes en matière de prélèvements obligatoires (PO) sont déçues. Alors que Bercy espérait voir le taux de PO revenir à 44% du PIB en 2006, le point d'arrivée devrait être finalement 44,4%, soit le plus haut niveau depuis 1999. Cette hausse tient pour une moitié au dynamisme des recettes fiscales et pour l'autre à un effet comptable lié à la réforme du financement des retraites des fonctionnaires de la Poste, explique-t-on à Bercy. Un repli du taux de PO est attendu dès 2007 à 44% du PIB.

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