Réforme des régimes spéciaux : Sarkozy tranchera le 18 septembre

Après l'annonce, dimanche, par le Premier ministre que la réforme des régimes spéciaux "était prête", le président Sarkozy a précisé qu'il se prononcerait le 18 septembre sur cette réforme. Les syndicats s'inquiètent, l'UMP approuve et l'opposition se divise.

La réforme des régimes spéciaux annoncée dimanche par François Fillon sur Canal + a entraîné un flot de réactions, tant chez les partenaires sociaux que dans le monde politique. Et surtout l'annonce par Nicolas Sarkozy qu'il ferait part de sa décision concernant les régimes spéciaux de retraite "le 18 septembre", à l'occasion d'un discours devant les journalistes sociaux. "J'ai été élu pour mettre en oeuvre des réformes profondes pour moderniser la France, et ces réformes se feront", a précisé Nicolas Sarkozy lors d'un point de presse à l'issue du sommet informel franco-allemand de Meseberg.

Dimanche, François Fillon avait précisé que la réforme sur les régimes spéciaux de retraite était prête et que le gouvernement attendait le "signal" du président Nicolas Sarkozy. Selon le Premier ministre, il s'agira "d'aligner les régimes spéciaux sur celui de la fonction publique" et non de reprendre les règles en vigueur dans le régime général pour les salariés du privé.

La CFDT prévient qu'il faudra tenir compte de l'avis des partenaires sociaux : "si le gouvernement a décidé de passer en force, il y aura un conflit majeur y compris avec la CFDT, on ne pourra pas accepter qu'une telle réforme se fasse sans dialogue et sans concertation". Le leader cédétiste s'est toutefois dit "favorable à discuter d'une évolution des régimes spéciaux de retraite, pour une raison simple: si on ne fait pas évoluer ces régimes, ils seront en faillite et les retraites des personnels ne seront pas versées".

Côté FO, son secrétaire général, Jean-Claude Mailly, a estimé ce lundi sur BFM que François Fillon avait "donné l'impression d'avoir chargé les missiles et d'attendre que le président de la république appuie sur le bouton". "Il y a un problème de méthode et de contenu. Sur la méthode, on nous laisse d'abord entendre qu'il y a un décret; après le porte-parole du gouvernement dit "non, il n'y a rien de prêt"; et dimanche le Premier ministre dit "ça y est, on est prêt"", s'est étonné Jean-Claude Mailly.

Pour Jean-Christophe le Duigou (CGT), proche de Bernard Thibault, la déclaration de François Fillon constitue une "perversion complète de l'idée de dialogue social. Nous considérons que ce dossier comme les autres doit faire l'objet de négociations, or que constate-t-on ? C'est qu'on nous propose la négociation sur la base déjà d'un texte déjà ficelé". Et d'ajouter : "Qu'il y ait égalité (des retraites) ou que l'on vise l'égalité, c'est absolument nécessaire, mais l'alignement sur le plus bas n'est pas l'égalité".

A l'issue d'un entretien avec le ministre du Travail Xavier Bertrand, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a d'ailleurs prévenu lundi que "si le gouvernement continue sur la même voie, à la fois par l'impréparation sur les contenus et en procédant par le fait accompli, nous allons vers des complication évidentes, il risque d'y avoir du sport et pas seulement dans les stades de rugby". Le responsable de la centrale communiste a précisé que Xavier Bertrand avait voulu présenter un profil "rassurant". Le ministre du Travail n'a néanmoins pas dévoilé la forme sous laquelle une réforme des régimes de retraite spéciaux serait engagée.

Dans le camp politique, Patrick Devedjian, secrétaire général délégué de l'UMP, s'est montré plutôt confiant sur l'issue de la réforme des régimes spéciaux de retraite, car "les esprits ont mûri". Et il dit ne pas croire à une mobilisation comparable à celle de 1995 lorsqu 'Alain Juppé avait tenté une réforme du même type.

Du côté du PS, Manuel Valls, député de l'Essonne, a approuvé le principe de la réforme. Selon le député-maire d'Evry, "il faudra aligner les régimes spéciaux sur le régime général. C'est une question d'équité et une question financière". Il a toutefois mis deux conditions: "il faut privilégier la négociation, éviter la brutalité et il faut un passage au parlement". Il a aussi demandé que soit intégrée "la question de la pénibilité du travail". Pour autant, le député socialiste a ajouté qu'il ne fallait pas "faire croire aux Français qu'on règlera le problème des retraites uniquement à partir de la réforme des régimes spéciaux". Il a souhaité aussi qu'on "ne pointe pas du doigt les fonctionnaires". Manuel Valls a affirmé que "beaucoup de dirigeants socialistes murmurent" le même avis.

Tonalité voisine, mais avec des nuances, auprès du secrétaire national Benoît Hamon qui a estimé, au nom du PS, qu'une réforme des régimes spéciaux de retraite était "nécessaire", mais a exprimé son "inquiétude sur la méthode du gouvernement". "Une réforme est nécessaire, elle doit être négociée et construite avec les partenaires sociaux", a-t-il ajouté. Le porte-parole a marqué le désaccord du PS avec le député "rénovateur" Manuel Valls, député de l'Essonne, qui s'est dit "favorable à l'alignement" des régimes spéciaux sur le régime général, tout en posant des conditions. "On ne dit pas oui" à cet alignement, a déclaré Benoît Hamon, appelant les socialistes à ne pas céder "aux injonctions de la droite à moderniser". "La solution aujourd'hui n'est pas d'être un peu plus de droite", a-t-il ajouté.

Enfin, le PCF, toujours maximaliste, a annoncé lundi qu'il "mettra tout en oeuvre pour combattre la logique de destruction du gouvernement" du système des retraites. "Alors que la réforme du régime général des retraites dont François Fillon était l'auteur, en faisant passer le nombre d'années de cotisation de 37,5 à 40, s'est soldé par un échec, le gouvernement s'enferre dans la même logique désastreuse, à moins d'un an du point d'étape prévu en 2008", a dénoncé le PC dans un communiqué. Selon ce parti, "plutôt que de trouver les moyens de financer le seul système efficace, la retraite par répartition, le gouvernement fait diversion en pointant du doigt les régimes spéciaux" et "en désignant des bouc-émissaires".

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