Sarkozy pousse Suez à céder ses activités d'environnement

Le président de la République est favorable à un recentrage de Suez sur l'énergie pour permettre sa fusion avec Gaz de France. Une hypothèse que le patron de Suez, Gérard Mestrallet, a toujours refusée. La perspective d'un échec de la fusion se précise.

Nicolas Sarkozy a clairement pris position dans le feuilleton de l'éventuelle fusion entre Suez et Gaz de France, en affirmant ce jeudi, lors de son discours prononcé devant l'université d'été du Medef, que "j'ai proposé à Suez de fusionner ses activités énergétiques avec Gaz de France et de constituer un grand groupe de gaz et d'électricité à la dimension du marché européen dont l'Etat sera l'actionnaire. Cela suppose que Suez fasse un choix stratégique en se spécialisant dans l'énergie. Il appartient maintenant à ses actionnaires d'en décider".

Le président de la République, autrement dit, s'est rallié à la thèse selon laquelle, pour obtenir des parités d'échange convenables entre les deux groupes, il faut faire maigrir Suez en cédant ses activités dans les métiers de l'environnement. Une idée défendue par GDF, qui y voit le moyen de rééquilibrer les deux groupes, et par des intervenants extérieurs comme Veolia. Ce dernier groupe a redit aujourd'hui tout l'intérêt qu'il porte aux activités de son concurrent dans les domaines de l'environnement.

Reste que Gérard Mestrallet, le PDG de Suez, ne veut rien savoir. Pour lui, l'environnement est une composante essentielle de Suez et il n'est pas question de s'en défaire. Interrogé sur la question aujourd'hui, le patron du groupe s'est borné à répondre que les discussions avec les pouvoirs publics se poursuivent, mais il est peu probable qu'il se rallie à l'idée d'une vente des métiers de l'environnement.

Dès lors, la possibilité d'un abandon pur et simple du projet de fusion se précise. C'est sans doute pour cela que Gérard Mestrallet a affirmé aujourd'hui que la situation de son groupe serait "excellente" avec ou sans fusion avec Gaz de France. "Nous sommes préparés aux deux hypothèses, mener à bien ce projet mais aussi l'hypothèse de poursuivre notre stratégie de "stand alone" (rester seul, ndlr) dynamique", a déclaré Gérard Mestrallet. "La situation de Suez serait excellente dans les deux cas de figure", a-t-il insisté. L'actuel gouvernement a promis une clarification d'ici la fin du mois sur la fusion Suez-GDF qui avait été envisagée par le précédent gouvernement de Dominique de Villepin.

Suez a par ailleurs publié aujourd'hui ses résultats semestriels. Le groupe d'énergie et d'environnement a dégagé au premier semestre un bénéfice net en baisse de 13,6% à 1,9 milliard d'euros (+11,8% hors effet des cessions), mais a confirmé ses objectifs pour l'année 2007. Son résultat brut d'exploitation ressort en hausse de 10,4% à 4,1 milliards d'euros.

Le groupe a annoncé qu'il demanderait le retrait de la cotation de ses American Depositary Receipts (ADR) du New York Stock Exchange. Ce retrait devrait être effectif en septembre, précise le groupe de services aux collectivités. Le groupe de services aux collectivités met en avant la faiblesse des volumes à New York - environ 1,5% du volume total des titres Suez échangés sur les 12 derniers mois - et le rapprochement entre les opérateurs boursiers NYSE et Euronext "qui va faciliter l'investissement direct des investisseurs américains sur le marché français".

"L'élimination de certains surcoûts notamment liés à l'application de la loi Sarbanes-Oxley, qui s'applique aux valeurs cotées aux Etats-Unis, générera une économie créatrice de valeur pour l'actionnaire", souligne Suez. Le groupe "réaffirme sa volonté de poursuivre son développement en Amérique du Nord où il réalise environ 4,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires et emploie plus de 3.700 salariés".

Suez et GDF demandent un délai supplémentaire à Bruxelles
Gérard Mestrallet et Jean-François Cirelli, PDG respectifs de Suez et de Gaz de France, ont écrit à la Commission européenne pour lui demander un nouveau délai pour présenter leurs propositions en vue d'une éventuelle fusion. La date limite est pour l'instant fixée au 30 septembre. "J'ai signé une lettre envoyée avec Jean-François Cirelli pour demander un report de délai," a indiqué Gérard Mestrallet. "A l'évidence, on n'est plus du tout dans ce calendrier-là". Interrogé à ce sujet, Jonathan Todd, porte-parole de la Commission européenne sur les questions de concurrence, n'a pas souhaité commenter.

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