Les ruptures de Sophie Calle à la 52ème biennale d'art de Venise

D'excellente qualité, la nouvelle édition de la Biennale de Venise rassemble les plus grands noms de l'art contemporain. Sophie Calle y représente la France.

Près de 80 pavillons nationaux; un artiste africain - photographe de surcroît - primé pour la première fois; une gigantesque exposition réunissant les plus grands noms de l'art contemporain: la 52ème édition de la Biennale de Venise s'annonce comme un excellent cru.

La faute à Robert Storr, son nouveau directeur artistique, venu du Moma de New York. C'est lui qui a tenu à récompenser Malick Sidibé d'un Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière. Et à souligner par ce geste l'immense talent de ce photographe malien, connu pour ses portraits entraînant de la jeunesse yéyé de Bamako. Il revient également à Storr d'inaugurer les pavillons africain, turc et italien, tous trois d'excellente facture.

Sophie Calle, l'invitée du pavillon français, n'est pas en reste. Partant d'un mail de rupture adressé par l'un de ses anciens amants, la plasticienne a conçu l'oeuvre la plus aboutie de sa carrière. Pour ce faire, elle a demandé à plus d'une centaine de femmes dont le métier consiste à interpréter un texte de se pencher sur la prose de son ex.

Chanteuses, comédiennes, cruciverbiste, clown, écrivaine publique, romancières à l'eau de rose, traductrice en langage SMS s'en sont données à coeur joie. Le résultat, souvent très drôle, cinglant pour l'homme en question, se révèle être une passionnante réflexion sur les différents modes de communication.

Sophie Calle réussira-t-elle l'exploit d'Annette Messager, lauréate du Lion d'or en 2005? Rien n'est moins sûr. Car cette 52ème biennale est dominée par le pavillon américain. Nancy Spector, la commissaire, a choisi d'y présenter les installations de Felix Gonzalez-Torres, mort du sida en 1996. Autant d'oeuvres minimalistes, d'une force peu commune.

Parmi elles, ces photos figurant un mémorial en l'honneur des vétérans. L'artiste a immortalisé les mots suivants, gravés dans la pierre: "soldat", "humanitarisme", "patriote". Sauf que l'endroit photographié semble abandonné des hommes. Seuls quelques papiers gras subsistent au pied du monument, donnant ainsi l'impression que les mots saisis par l'appareil de Gonzalez-Torres n'ont plus aucun sens. Une oeuvre percutante, habitée par l'absence.

A l'Arsenale et aux Giardini de Venise. Tél: 00 39 041 52 18 828. Jusqu'au 21 novembre. Programme complet sur le site www.labiennale.org
A lire: Sophie Calle, prenez soin de vous, Actes Sud, 420 pages, 69 euros.

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