Murdoch fait la cour aux propriétaires de Dow Jones

Le patron de News Corp a promis à la famille Bancroft un siège au conseil d'administration de son groupe et le maintien de l'indépendance du Wall Street Journal. La fusion de Thomson Corp et Reuters, concurrents de Dow Jones, pourrait accélérer les discussions.

Rupert Murdoch doit jouer la carte de la patience s'il ne veut pas être le perdant des grandes manoeuvres qu'il a initiées dans le secteur de l'information financière, en pleine ébullition. Son offre de rachat du groupe Dow Jones, maison mère de l'agence financière éponyme, du Wall Street Journal et du magazine d'investissement Barron's pour 5 milliards de dollars se heurte pour l'instant à l'opposition déterminée des membres de la famille Bancroft, qui contrôlent 64% des droits de vote.

Le magnat des médias leur a adressé une lettre, rendue publique lundi soir, dans laquelle il prend des engagements quant au maintien de l'indépendance du Walll Street Journal et garantit aux Brancroft un siège au conseil d'administration de News Corp, son empire allant de la télévision (Fox, BSkyB), à l'édition (Harper Collins), la presse (le New York Post, le Sun et le Times de Londres) et Internet (MySpace).

"Je suis avant tout un homme de presse", plaide le septuagénaire, né en Australie et naturalisé américain, dans ce courrier adressé à la veille de la tenue d'un conseil d'administration crucial de Dow Jones, prévu mercredi. Le 1er mai dernier, des membres de la famille Bancroft représentant 52% des droits de vote ont rejeté l'offre proposée par NewsCorp le 26 avril. D'autres membres des descendants de Clarence Barron, qui racheta Dow Jones en 1902, seraient prêts à rencontrer Murdoch.

L'offre de ce dernier, à 60 dollars par action, soit 65% de plus que le cours de clôture précédant l'annonce, valorise Dow Jones à 17 fois son excédent brut d'exploitation et 40 fois ses profits de 2007 - un multiple plus élevé que la valorisation actuelle de Google ont observé certains analystes. Toutefois, le groupe canadien Thomson Corp vient d'accepter de racheter Reuters pour des ratios similaires, à 12,7 milliards d'euros, l'équivalent de 17 fois l'Ebitda et 33 fois les bénéfices.

Ce mariage, annoncé peu après l'approche de News Corp, semble avoir été motivé par la volonté de contrer l'expansion de Murdoch et rend peu probable la perspective d'une contre-offre sur Dow Jones. Le groupe britannique Informa, éditeur de la Lloyd's List, a annoncé lundi le rachat du fournisseur de données financières Datamonitor pour 734 millions d'euros. Ces opérations pourraient inciter les Bancroft à étudier la proposition. S'ils refusent, l'action Dow Jones, qui cote légèrement au-dessous de 60 dollars, pourrait retomber autour de 40 dollars selon les experts.

Pour News Corp, cette acquisition lui donnerait l'accès à un fournisseur mondial d'information financière, un atout clef pour le lancement de sa future chaîne économique, et élargirait son portefeuille de titres de presse: le Wall Street Journal est le deuxième quotidien américain en termes de diffusion derrière USA Today. De nombreuses voix se sont élevées au sein du groupe Dow Jones contre un rachat par Murdoch, plusieurs reporters l'accusant d'ingérence dans le contenu éditorial de ses journaux, notamment dans le traitement politique de l'actualité en Chine. La famille Ottaway, actionnaire à 6,2% de Dow Jones, est aussi farouchement contre une prise de contrôle par News Corp.

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