Picasso cubiste

En 350 tableaux, esquisses, dessins, sculptures, voici une initiation unique à une expression artistique révolutionnaire, menée par Picasso. Un parcours passionnant, mais sans quelques oeuvres essentielles.

Le mot "cubisme" a été inventé par Henri Matisse qui, choqué par l'aspect géométrique d'un tableau de Picasso, l'aurait comparé à un ensemble de "petit cubes". C'est en 1908 que le peintre catalan et surtout son ami Georges Braque se mettent à décomposer les paysages de leurs toiles. Pour Picasso, il s'agit d'une nouvelle ère picturale, après ses périodes bleue et rose, destinée à le faire avancer dans ses recherches.

Inspiré par les primitifs, surtout africains (quelques masques lui ayant appartenu sont exposés), Picasso transfigure la réalité en traçant des visages anguleux, des traits asymétriques, des sites de guingois. Il n'y a progressivement plus trace de figuration ni de perspective, ni même parfois de couleurs, le gris ou le beige effaçant les rondeurs des personnages. Pour mieux marquer encore cette "insurrection de la peinture", les peintres s'obligent à écrire des lettres ou à coller des extraits de journaux dans leurs oeuvres. D'autres artistes rejoignent ce mouvement synthétique (Juan Gris, Jean Metzinger, Albert Gleizes, André Lothe, Fernand Léger) qui s'éteindra vers 1925, laissant place à une abstraction moins travaillée.

C'est d'ailleurs là un des (petits) reproches que l'on peut faire à cette remarquable et foisonnante exposition. Ici, intitulé du lieu oblige, on ne vénère que Picasso car aucune toile de ses confrères cubistes n'est présentée. Ceci est d'autant plus regrettable que c'est Braque qui a amené son ami vers cette expression et qu'ensemble, ils ont réalisé plusieurs toiles. Autre regret: ne pas voir l'oeuvre maîtresse de Picasso cubiste, "Les Demoiselles d'Avignon", jugée non transportable, qu'une évocation photographique ne remplace pas.

Il n'empêche: cette exposition originale est d'une grande richesse - 350 oeuvres - comportant nombre d'oeuvres inédites et quelques tableaux de référence qu'une mise en scène chronologique rend agréable à suivre. A condition que le visiteur puisse bénéficier de suffisamment de recul, c'est-à-dire que le public ne soit pas trop dense dans ces salles parfois étroites.


Jusqu'au 7 janvier 2008, Musée Picasso, Paris. Renseignements: www.rmn.fr

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