ENI candidat au rachat d'actifs de Youkos en Russie

Le géant italien des hydrocarbures, ENI, vient d'annoncer qu'il est candidat au rachat d'importants actifs de l'ancien groupe russe Youkos. Le groupe se déclare confiant quant à l'acquisition de deux permis d'excploitation au Congo.

"Nous allons participer à l'appel d'offres pour quelques actifs de Youkos comme ArcticGaz et Ourengoï [de grands gisements de gaz, NDLR] qui vont être lancés dans les trente prochains jours" a confirmé Paolo Scaroni, administrateur délégué d'ENI, cet après-midi au siège du groupe à San Donato Milanese, dans la périphérie de Milan.

ENI, qui a publié des résultats records en 2006, fera en fait partie d'un consortium avec le groupe italien d'énergie Enel et le russe Esn. Paolo Scaroni a précisé que la législation russe ne permettant pas à une société étrangère de détenir la majorité d'un actif d'exploration et d'extraction de gaz ("upstream"), ENI pourra toutefois écrire dans ses comptes les réserves de ces gisements à hauteur de sa participation dans la société. "Quand on achète quelque chose, il faut être protégé de toute éventuelle plainte en justice" a indiqué Paolo Scaroni à propos d'un possible recours juridique des anciens actionnaires de Youkos contre cette vente.

"En Russie et en dehors de Russie, nous aurons d'autres occasions qui seront rendues publiques plus tard" ajouté sans précisions Paolo Scaroni. Toujours avec la Russie, il a confirmé "être en train de finaliser le volet commercial de l'accord [d'ENI] avec Gazprom". Le géant russe doit en effet, en vertu d'un accord-cadre récent avec ENI, commencer dès avril prochain à distribuer sur le marché italien à son compte près de 100 millions de m3 de gaz, avec l'objectif d'en vendre jusqu'à 5 milliards de m3 par an en 2010. Le partenaire local de distribution italien pour Gazprom n'a cependant pas encore été révélé.

De son côté, profitant de l'ouverture totale du marché au 1er juillet prochain, ENI va lancer une offre "intégrée" électricité et gaz pour les PME-PMI et les ménages italiens. "Pour cette offre, nous avons un objectif d'un million de clients d'ici 2010, ce qui constitue un effort de titan" a souligné Paolo Scaroni. Il fera ainsi directement concurrence à l'ancien monopole de l'électricité Enel et à Edison, co-contrôlé par EDF.

Plus généralement, le président d'ENI, Roberto Poli a souligné "qu'un groupe comme ENI doit toujours avoir la possibilité de faire des acquisitions mais elles doivent créer de la valeur". Il a d'ailleurs fait remarquer la très grande concentration récente en Europe parmi les groupes d'énergie ("utilities"), surtout dans l'activité de distribution, soit les fusions Suez-GDF, E.ON-Endesa ou Iberdrola et Scottish Power.


Acquisition de deux permis d'exploitation au Congo
L'administrateur délégué d'ENI s'est aussi montré confiant dans l'acquisition de deux permis d'exploitation de pétrole congolais auprès de la société française Maurel & Prom et qu'elle ne sera pas bloquée par la société anglaise Burren. "Il est vrai que Burren a un droit de préemption sur ces permis mais comme ils ne sont pas exploitants dans cette zone, il y a de bonnes raisons pour qu'ils n'exercent pas ce droit de préemption" a déclaré Paolo Scaroni. Après plusieurs mois de négociations, ENI a acquis pour 1,434 milliard de dollars ces deux permis au Congo.
Par ailleurs, aucun consultant financier n'aurait assisté Maurel&Prom dans cette transaction, a précisé ENI à "La Tribune". Un conflit oppose en effet l'ancien patron de Vivendi, Jean-Marie Messier, à Maurel&Prom, lui réclamant une commission en tant que conseiller financier dans la cession d'actifs de la société pétrolière française. Une commission de 0,5 % sur la cession des deux permis pétroliers au Congo finalisée hier ferait partie des exigences de "J2M" envers Maurel&Prom. Au prix convenu, cela correspond à plus de 7 millions de dollars. Mais Maurel&Prom aurait préféré se passer de ses services et agir sans conseiller financier

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