Thierry Breton voit le déficit public 2006 "peut-être"sous les 2,7%

Le ministre de l'Economie a indiqué à l'Assemblée nationale que le déficits public a "peut-être" été inférieur à 2,7% du PIB en 2006. Il s'est également félicité d'avoir réduit l'endettement de deux points de PIB par des acrobaties budgétaires dénoncées aussi bien par l'opposition que par la majorité.

La croissance française en 2006 a probablement été dans le bas de la fourchette - 2% à 2,5% - retenue par le gouvernement et le déficit sera "peut-être" sous les 2,7%. "Nous avions comme objectif de passer à 2,8 puis 2,7%" du PIB en matière de déficit public, "peut-être fera-t-on mieux car oui, nous avons eu une très bonne exécution budgétaire en 2006 et oui, pour la première fois, l'Etat n'emprunte pas pour rembourser les intérêts de la dette", a indiqué le ministre de l'Economie Thierry Breton devant l'Assemblée nationale.

Le ministre a également laissé entendre, lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, que l'objectif de réduire le taux d'endettement de 2 points en 2006 serait "peut-être dépassé". Le gouvernement avait prévu de ramener le ratio d'endettement de la France de 66,6% à 64,6% du PIB entre 2005 et 2006. "Je vous confirme qu'en 2006, effectivement, nous nous sommes fixé pour la première fois dans notre histoire budgétaire un objectif ambitieux, celui de réduire l'endettement de la nation de 2 points. Eh bien j'ai bon espoir (...) d'atteindre, peut-être même de dépasser cet objectif", a déclaré le ministre en réponse à une question du député UMP Gilles Carrez.

Une réduction en trompe l'oeil rendue possible par un tour de passe-passe budgétaire. En 2005, l'Etat disposait d'une trentaine de milliards d'euros de trésorerie. Cette trésorerie, placée par l'Agence France Trésor (AFT), est considérée comme de la dette par les critères de Maastricht. Bercy a donc allégé cette trésorerie, réduisant mécaniquement l'endettement facial de l'Etat. Une partie des privatisations de l'année a été consacrée au rachat de la dette.

Résultat, se félicitait-on dans l'entourage de Thierry Breton l'an dernier, "on optimise l'affichage de la dette de la France" (La Tribune, du 26 mai 20026).

Le premier secrétaire du Parti Socialiste François Hollande avait dénoncé dans une interview à La Tribune (5 septembre 2006) "le caractère fallacieux" de cette présentation, rendu possible grâce à "un trucage lié à la modification des règles de la gestion de la trésorerie de l'Etat". Un point de vue partagé par plusieurs ténors de la majorité. Le président de la commission des Finances du Sénat Jean Arthuis a lui aussi dénoncé "une illusion d'optique", tandis que le rapporteur général de la commission des Finances, l'UMP Gilles Carrez, a jugé que "ce serait un mauvais service que de faire croire qu'en vendant les actifs ou en gérant mieux la trésorerie, on règle les difficultés" (La Tribune du 26 mai 2006).

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